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Les manufactures des Vosges étant, comme celles du Nord et de la Normandie, des ateliers mixtes, et la durée de la journée de travail dans ces ateliers étant par la loi uniformément fixée à dix heures, la durée en est ici de dix heures, comme partout en France depuis l’application de la loi du 30 mars 1900. Elle n’est coupée que par un seul repos vers midi, pour le déjeuner ; repos dont la durée varie suivant les besoins des établissemens, les coutumes locales, les convenances des ouvriers, le plus ou moins d’éloignement de leurs demeures, mais peut, en général, être estimée à une heure et demie, par exemple de onze heures et demie à une heure ou de onze heures trois quarts à une heure un quart. Avant que la loi eût imposé le régime de dix heures, quand la journée était ordinairement de onze ou douze heures, il y avait, dans beaucoup d’usines, vers huit heures du matin, un arrêt de le à 20 minutes, arrêt complet (machines arrêtées) pour permettre aux ouvriers de prendre leur petit déjeuner, ce que les mineurs nomment « faire briquet. » La réduction légale à dix heures sans exception ni dérogation a eu pour conséquence d’amener, dans presque tous les établissemens, la suppression de ce premier arrêt. Ce n’est d’ailleurs pas le seul changement que la législation ait produit dans l’organisation et la marche de l’industrie textile, laquelle est, par excellence et comme par définition, une industrie à ateliers mixtes. Il y a quelques années, le travail de nuit, s’il n’était jamais usité dans les tissages, était au contraire assez répandu dans les filatures. On y employait alors deux équipes, de composition semblable, lune de jour, l’autre de nuit, et qui se relayaient alternativement par quinzaine. Sur ce point, la première conséquence de la loi du 30 mars 1900 n été de faire totalement disparaître le travail de nuit, et de faire, par là même, dissoudre les équipes de nuit : il est permis de penser que tout n’en est pas mauvais, et d’autant moins mauvais que cette double suppression a amené, à son tour, l’installation de nouvelles broches destinées à compenser, par leur production, la demi-inaction de celles qui cessaient de tourner la nuit.

Quant à la peine du travail, la réponse est toujours pareille.