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HISTOIRE
D’UNE
FÊTE POPULAIRE

LA FÊTE DES VIGNERONS Á VEVEY

Les œuvres individuelles de la littérature dramatique, coulées dans les formes régulières de la tragédie, de l’opéra, de la comédie ou du drame, attirent plus que les œuvres anonymes et collectives l’attention de la critique. Jusqu’à ces dernières années, où il en a surgi plusieurs dont je ne puis parler ici, la Suisse française n’en avait guère produit qui se fussent imposées. Ce pays, l’un des plus beaux qui soient, un de ceux où la nature est la plus magnifique, le climat le plus aimable, la vie la plus douce, n’a eu, depuis la Réforme jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, ni théâtre original, ni musique, — excepté celle de Niedermeyer, — on pourrait presque ajouter ni poésie, s’il n’y avait eu, surtout après 1830, un certain nombre d’heureuses exceptions. En tout cas, sa poésie populaire est à peu près nulle : elle se ramène à quelques chansons en patois, dont le mérite est surtout de bonhomie et de finesse narquoise ; et ce n’est pas sans surprise qu’en songeant au trésor du Commersbuch des étudians allemands, on entend les étudians vaudois, genevois ou neuchâtelois, lancer dans la splendeur du paysage, des couplets dont ces quatre vers suffiront à donner une idée :