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partiels se déclarent à bord de ces deux cuirassés. Enfin le croiseur blindé Amiral-Nakhimof atteint, comme l’Osliabya, au-dessous de la flottaison[1]est mis hors de combat et ne tardera pas à couler.

En présence de ces résultats et du désordre qui commence à se manifester dans l’escadre russe, le commandant en chef japonais se décide à se priver sur le front des services de la division Kamimoura : les croiseurs cuirassés se détachent aussitôt de la ligne, et, courant au Sud à toute vitesse, pendant une interruption du feu causée par la fumée et par le brouillard, ils apparaissent à la reprise du combat sur les derrières de l’escadre russe, où ils pressent vivement la division Nebogatof, jusque-là peu engagée, semble-t-il, et restée en arrière du gros.

L’amiral Rodjestvensky, en effet, avait été conduit à augmenter de vitesse et à prescrire plusieurs mouvemens et changemens de direction dont l’objet précis n’est pas encore connu[2], mais qui paraissent avoir eu pour résultat de le séparer de sa troisième division de cuirassés, la plus lente et assurément la moins manœuvrante.

Quant aux croiseurs russes, ceux de l’amiral Enquist, arrêtés dans leur course vers le Nord par le groupe japonais de l’amiral Uriu ( ? ), ils se rejetaient dans le Sud, y retrouvaient le Svietlana, l’Almaz et l’Izoumroud, et s’efforçaient de protéger le groupe inerte des bâtimens auxiliaires et des contre-torpilleurs[3] contre les croiseurs protégés japonais et le cuirassé Chin-Yen.


IV

Vers quatre heures, la première phase de la bataille était terminée, et, dès lors, le succès de la flotte japonaise paraissait

  1. Le commandant du Nakhimof a cru son bâtiment frappé par une mine sous-marine ; c’était faire l’éloge des explosifs qui forment la charge intérieure des obus japonais. Nous reparlerons des mines sous-marines un peu plus loin. L’analyse du rapport Rodjestvensky place la disparition de l’Amiral-Nakhimof beaucoup plus tard. Nous avions adopté la version japonaise.
  2. Le commandant en chef avait, disent les uns, voulu couvrir les bâtimens obligés de quitter le feu ; il se proposait, disent les autres, de porter son effort sur les croiseurs cuirassés. Togo attribue un changement de direction vers le Nord au dessein de s’échapper en contournant la queue de sa ligne, entre trois heures et trois heures et demie. Cette supposition parait bien gratuite !…
  3. Rapport Enquist. Pas tous les contre-torpilleurs en tout cas : deux ou trois au moins étaient restés au feu, et rendirent des services comme estafettes ; le Bravyi sauva 175 hommes de l’Osliabya ; le Buinyi recueillit l’amiral Rodjostvensky, etc.