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de vers. L’Aveugle, la Liberté, le Malade, le Mendiant auxquels j’ai joint l’Esclave, que j’espère avoir rétabli dans sa beauté, m’ont paru devoir être présentés à part. Ce sont de vrais poèmes au sens moderne, et de grands poèmes, au sens éternel. Le titre d’Idylles, pour nous plus restreint, m’a semblé convenir mieux aux morceaux non de moindre valeur, mais d’importance moindre.


II. IDYLLES. — André Chénier a composé un certain nombre de prologues et d’épilogues. On les trouve dans les manuscrits, l’un suivant l’autre, sur plusieurs feuillets doubles, où il semble les avoir soigneusement recopiés, précédés de ces indications répétées : En commencer une par ces vers… En terminer une ainsi… Ces invocations à ses diverses Muses que le poète se réservait de distribuer au début ou à la fin de ses Idylles, n’étaient pas, ainsi groupées, malgré les détails ingénieux qui les caractérisent, sans offrir quelque monotonie. J’en ai pu distraire quelques-unes et les placer, en guise de prologue, à la tête des diverses séries qu’elles personnifient. C’est ainsi que la Muse pastorale préside aux Idylles.

Sous ce titre général, j’ai réuni seize petits poèmes dont la composition, sinon l’exécution, m’a semblé suffisamment finie pour produire une impression complète, quelque brefs qu’ils fussent. J’ai groupé à la fin les pièces purement pastorales que Chénier nommait en grec ses bucoliques de chevriers ou de bouviers.

Si l’on feuillette quelqu’une des éditions antérieures, on constatera combien il est difficile, à moins d’avoir gardé le souvenir précis du vers initial, de retrouver, au hasard des pages où ils sont épars, tant de courtes pièces, de fragmens qu’aucun titre ne distingue. Généralisant l’exemple donné par les anciens éditeurs, Marie-Joseph, La touche, Sainte-Beuve et Becq de Fouquières dont j’ai conservé les appellations devenues classiques, j’ai cru devoir attribuer des titres à tous les morceaux qui n’en avaient point. Je n’en ai inventé aucun. Ils m’ont été fournis par le sujet ou le héros du poème et, pour de moindres fragmens, par les vers mêmes du poète. Aussi sont-ils tous charmans.

C’est ici que doit trouver naturellement sa place une observation des plus importantes. Avec son habituelle sagacité, Sainte-Beuve fait très justement remarquer, à propos de La Jeune