Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/947

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montrent quelques-uns. des plus curieux monumens de nos vieilles provinces, châteaux forts, calvaires bretons, ruines féodales, maisons du moyen âge et de la Renaissance en nous instruisant sur leurs origines.

Tous ceux qui ont à cœur le souci de notre histoire nationale mais qui ne peuvent l’étudier à fond dans l’impartiale et imposante Histoire de France[1]composée sous la direction de M. Lavisse, et publiée chez Hachette, auront plaisir à lire le livre où M. Georges Montorgueil évêque l’énigmatique et déplaisante figure de Louis XI[2], dans ses grandes lignes et dans quelques-unes des attitudes de la légende. Mauvais fils, roi de mine vulgaire aux traits ignobles, avare et de mise sordide, défiant et tourmenté, traître et cauteleux, flatteur et persuasif, plaisant et plein de verve, à l’air confiant et bonhomme, mais qui n’eut point d’égal en dureté et en perfidie ; cruel comme tous les Valois, sans être débauché comme eux, et le plus remarquable de sa race, jaloux de son autorité et de mauvaise foi pour la conserver, s’appuyant sur les petits pour abattre les grands feudataires et les princes du sang, courageux dans les combats et tremblant devant la mort, sacrifiant à des dévotions mesquines, rendant un culte aux petites images de la madone de Cléry, tel on le voit passer dans ces compositions de Job, animées d’un entrain bien français, dans ces illustrations en couleurs ou monochromes, d’une fantaisie charmante, d’un caractère simple, grave ou noble, mais toujours appropriées au texte, qui nous retracent si bien le Louis XI des Chroniques. Voici le jeune Dauphin apercevant Jeanne d’Arc à la Cour de Charles VII, le Dauphin chez le Duc de Bourgogne, la cérémonie du Sacre, le combat de Montlhéry, la reddition des Liégeois après la défection du roi de France, la signature de l’ignominieux traité de Péronne sous la menace de Charles le Téméraire, la bataille de Granson, l’impression, dans l’appartement du prieur Jean de la Farre, à la Vieille Sorbonne, du Miroir de la vie humaine et des premiers livres composés par les maîtres Michel, Ulrich et Martin, l’agonie au Plessis-lez-Tours, et la mort, telle que Comines l’a décrite. Ils sont bien faits, ces tableaux, pour frapper les jeunes imaginations et leur mettre sous les yeux des spectacles qu’ils n’oublieront plus.

Et quand il est question de nos vieilles provinces françaises, de tout ce qui rappelle nos traditions de patriotisme et de gloire, comment ne pas évoquer le nom de l’Alsace, qui éveille tant de souvenirs tristes mêlés

  1. Hachette.
  2. Combet.