côte à côte, en remplissant chacune son office et en se respectant mutuellement. Mais des paroles comme celles de M. le président de la commission éclairent tout un état d’esprit ; elles manifestent, suivant le mot à la mode, toute une mentalité. De cette mentalité, si elle se perpétue, sortiront beaucoup d’événemens fâcheux. Voilà pourquoi l’avenir nous parait inquiétant.
Ce n’est pourtant pas une raison pour que les catholiques n’acceptent pas la loi nouvelle et n’en fassent pas, comme on disait autrefois, l’essai loyal. L’épreuve seule montrera ce qu’elle vaut. Dans les projets ultérieurs qu’annoncent les radicaux et les socialistes, projets dont M. Combes a apporté la menace à la tribune, il est fort possible qu’il y ait un piège : les catholiques auraient tort d’y tomber. Qui sait si on ne cherche pas à les effrayer sur les conséquences de la loi afin qu’ils refusent de s’y soumettre ? M. Combes, parlant au nom de son groupe, a été tranchant, mais un peu sibyllin. Il a plus complètement exprimé sa pensée dans un long article qu’il a envoyé à la Nouvelle Presse libre de Vienne. « L’intérêt bien entendu de l’Église devrait, y dit-il, l’incliner à la paix. Malheureusement les intentions notoirement belliqueuses du plus grand nombre des prélats français, le langage de leurs lettres pastorales, semblent présager une guerre imminente. Il y a dans l’air des églises comme une odeur de poudre. Néanmoins chacun de nous peut espérer ou craindre suivant ses dispositions morales tant que Rome n’a pas parlé. C’est du pape que dépend la paix ou la guerre. Quant à moi, je ne me hasarderai pas à pronostiquer ses décisions. S’il faut dire ma pensée, dans l’ignorance où je suis de ses sentimens, je crois fermement que si la guerre s’allume à la veille des élections, comme le fait parait extrêmement probable, si même elle s’étend à toutes les circonscriptions ecclésiastiques, elle s’éteindra avec les dernières fumées des bulletins de vote incinérés pour faire place, le lendemain, à une pacification relative dont l’Église catholique paiera les frais. »
Ainsi M. Combes regarde la guerre comme « extrêmement probable, » et il annonce déjà que l’Église en paiera les frais. Pourquoi la prévoit-il si ce n’est parce qu’il la souhaite ? Il fait assurément tout ce qui dépend de lui pour la provoquer en inquiétant les catholiques sûr l’application de la loi. C’est un piège, disons-nous. Sans savoir mieux que lui ce qu’ordonneront les plus hautes autorités ecclésiastiques, nous espérons bien que, dans une affaire de prudence humaine, elles s’inspireront des conseils les plus sages : mais nous n’avons pas à revenir sur une question que M. Brunetière a traitée ici même, il y a