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sa forme finale, se retrouve à peu près dans le D’Entrecasteaux. Le projet fait, refait, remanié, fut finalement repousse en 1885. il n’y avait là que des questions de personnes. Ministres et directeurs avaient changé depuis 1882.

La seconde série, composée des premiers bâtimens à flottaison vraiment cellulaire qui aient subi l’épreuve du feu, mérite à ce titre une mention spéciale. Elle a été, comme on sait, dessinée à Tokio au commencement de l’année 1886.

Les trois gardes-côtes Matsou-sima, Itsoukou-sima, Hasidaté, ont reproduit les dispositions générales du Sfax, ainsi que ses dimensions et son déplacement. L’étude nouvelle a uniquement porté sur l’artillerie. Les canons de moyen calibre du gaillard, qui convenaient au croiseur, ont été, pour les bâtimens de combat en vue, remplacés par une pièce de très grande puissance. La longueur dame fut, d’un coup, portée à dix calibres, au delà de toutes celles adoptées précédemment, en même temps que le poids du projectile en kilogrammes atteignait quatorze fois le cube du calibre en décimètres : l’efficacité contre les cuirasses fut ainsi assurée à toutes les distances de tir. Ce canon de perforation fut protégé par un blindage en rapport avec la puissance des canons chinois alors en construction chez Krupp. La batterie d’artillerie moyenne fut conservée sans protection, telle qu’elle était sur le Sfax et aussi, d’ailleurs, sur les cuirassés de ligne de ce temps-là : sa seule particularité fut l’adoption, dès 1887, de l’affût à berceau, dont les attachés navals du Japon avaient fait connaître toute la supériorité pour le tir rapide, et qui a été adopté récemment en France. Cette artillerie était bien en rapport avec la puissance défensive du navire ; l’une et l’autre répondaient aux qualités militaires des adversaires probables, les cuirassés chinois, uniquement armés de canons de perforation de médiocre puissance et en petit nombre.

L’intérêt excité phis tard par ces trois petits bâtimens et leur rôle en 1895 ont fait surgir mille commentaires au sujet de leur nom de gardes-côtes. Ce nom exprime simplement la modestie des ambitions japonaises d’il y a vingt ans. L’unique préoccupation était la sécurité de l’Archipel : « Nous sommes comme un parc ouvert aux rôdeurs dans toutes les avenues, m’avait dit l’amiral Saïgo, ministre de la Marine, en ouvrant notre première conférence avec ses principaux officiers ; nous. vous demandons de mettre quelques barrières. » Il notait prévu que des gardes-côtes,