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Tous les navires de combat, cuirassés ou non cuirassés, doivent recevoir une tranche cellulaire, aussi compartimentée pour le moins que celle du Sfax. Tous ceux qui ne jouissent pas de la propriété des monitors doivent être ainsi protégés au-dessus de la flottaison, sur une hauteur dépassant le dixième de la largeur du navire, et atteignant, par conséquent, deux mètres et demi sur les cuirassés d’escadre. À ces conditions seulement, la perforation de la tôlerie légère au-dessus du caisson protecteur est pratiquement indifférente, au point de vue du chavirement, et la présence de deux ou trois brèches à la flottaison n’a jamais de conséquences immédiates, fatales à la stabilité.

La grande hauteur, ainsi nécessaire aux plaques qui doivent recouvrir entièrement les murailles de la tranche cellulaire sur un cuirassé, oblige, pour ne pas exagérer leur poids, à réduire leur épaisseur. De là, un motif impérieux, s’ajoutant aux raisons déjà connues, et obligeant à donner au pont blindé la même position, sur les cuirassés, que sur les navires simplement protégés. Un exemple numérique fera bien comprendre cette nécessité. Supposons que, sur un ancien navire à disposition défectueuse comme le Duperré, la résistance de la ceinture à la perforation soit égale à celle du pont, et représentons-la par un : la protection des parties vitales se trouve ainsi représentée par un. Si le pont blindé est simplement transporté au bas de la ceinture cuirassée, la protection des parties vitales sera représentée par deux. Si, en même temps, l’épaisseur de la ceinture est réduite de moitié en raison de l’augmentation de la surface (nous faisons une pure hypothèse), la protection des parties vitales sera ramenée à un et demi, ce qui est encore un progrès convenable par rapport à l’état primitif. Si, au contraire, le pont blindé restait au-dessus de la ceinture réduite d’épaisseur, la protection des parties vitales tomberait à la valeur un demi, ce qui serait inacceptable.

Le respect pour les cloisons et pour le contenu de la tranche cellulaire a conduit, en France, à conserver un blindage horizontal qui recouvre cette tranche à la partie supérieure L’utilité de ce pont est évidemment secondaire ; son but est entièrement atteint quand il a fait ricocher ou éclater un projectile, tout en étant lui-même perforé ou déchiré d’une manière quelconque. L’épaisseur de ce pont est, en général, la moitié environ de celle du pont blindé principal ; mes projets de 1891