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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/328

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chemens choisit une position, lorsque les espions ont fouillé le terrain et annoncé qu’il n’y a pas de Russes à proximité, les fractions avancées se déploient en chaînes et se portent sur l’emplacement où elles se couchent en position de combat. Alors seulement arrivent les forces principales et, aussitôt, on commence à creuser les tranchées. Le travail est très rapidement mené. En même temps, les distances des points remarquables en avant et sur les flancs sont exactement mesurées, principalement les endroits où les Russes pourraient établir une ligne de feu. Toute la zone en avant est divisée en carrés sur des planchettes à pied préparées d’avance et sur lesquelles les points remarquables sont dessinés, en indiquant en regard la distance, le numéro du carré et la hausse à employer. Ces planchettes sont ensuite placées dans chaque tranchée, et les officiers indiquent à tous les soldats quel est le signe de la planchette qui correspond à l’objet réel du terrain. Les sapeurs creusent les communications vers l’arrière, établissent des chemins, construisent des passerelles, posent le téléphone et installent sur les hauteurs des postes de signaux. Ils se servent d’héliographes, du feu, de la fumée, de fanions, de lanternes. On emploie comme signaleurs des Chinois spécialement dressés, bien payés et qui reçoivent des revolvers. Sur les routes que doit suivre l’ennemi, on établit des embuscades. Elles comprennent deux parties. La première appelée « la porte » est formée par quelques tirailleurs qui doivent laisser passer librement l’adversaire sans donner aucun signe de leur existence ; la seconde est constituée par le gros de la troupe. Lorsque la reconnaissance ennemie arrive près de la position, elle est signalée et reçue par des feux rapides, et lorsqu’elle se replie, elle est à son tour attaquée par la « porte. »

Dans les premiers combats, l’infanterie japonaise avait mis en pratique les prescriptions de ses règlemens calqués sur ceux des armées européennes ; mais, dès le mois de juillet 1904, elle abandonne pour toujours ces vieux procédés. Le 15 juin à Vafangou, l’infanterie s’était avancée à l’attaque sur quatre lignes, les deux premières en tirailleurs, la 3e ligne sur deux rangs, la 4e ligne en colonnes de compagnie. Elle exécutait ainsi la fameuse attaque décisive, tant prônée par la vieille école. Les pertes furent si écrasantes que jamais plus ce procédé ne fut employé. Les débris de ces troupes intrépides ne purent qu’atteindre l’angle mort des positions russes, et durent y rester