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Je gart le bos,
Que nus n’en port (a)
Chapel de flor, s’il n’aime...


motif repris et développé dans ce motet, dont nous ignorons, à vrai dire, si toutes les paroles étaient chantées dans la danse :


Je gart le bos,
Que nus n’en port
Florete ne verdure.
Et que nul confort
N’en ait qui d’amors n’a cure.
Dieus ! J’aim si loiaument
Que nul mal ne sent.
Chalour ne froidure.
Ainsi gart la raime
Et la flour du bois,
Si que nus n’en port
Chapel de flor, s’il n’aime[1].


Or, il faut bien se représenter ici une véritable scène de ballet, qui se jouait avec des « accessoires, » puisque, dans le passage de la Cour de Paradis qui nous a conservé ce refrain, les gardiens du bois tiennent chacun à la main une trompe,


Et cornoient tant dolcement
Haut et seri a longue alaine.


C’est sans doute vers le bois gardé par eux que venaient ces censeurs, deux à deux :


<poem>Nus ne doit lés le bois aler Sanz sa compaignete[2]


et celui-ci encore :

(a) Je garde le bois, pour que nul n’emporte...

  1. Motets, l, p. 193.
  2. Bartsch, Romances, I, 49. Comparez un « branle double » du XVIIe siècle, conservé dans le Recueil des plus beaux airs, accompagné de chansons à dançer ballets... A Caen, chez Jacques Mangeant, 1615, p. 39 :
    Je m’en iray au bois d’amour,
    Ou personne n’y entre.
    Baise-moi !
    Je m’en iray au bois d’amour.