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De Pascour un jour erroie ;
Joste un bos, lés un larris
Truis (a) pastoreaus aatis (b) ;
Dient k’il feront grant joie,
Et si averont frestel,
S’amie chascuns amis,
Et si iert la gaite Guis[1]...

En deux motets, on voit les « gens de joie » écarter le guetteur comme un fâcheux :


<poem>Fui te, gaite, fai me voie ;
Par ci passent gens de joie[2].


La chanson Gaite de la tor, est, à notre avis, une forme « stylisée » de cette danse. La scène représente (ou est censée représenter une tour, comme tout à l’heure un bocage. Derrière les murs de la tour, deux amoureux sont réunis. Pour la distribution du dialogue, nous n’avons qu’à accepter la très simple et très ingénieuse interprétation que vient enfin de proposer, après tant d’hypothèses hasardeuses, M. Alfred Jeanroy[3]. Le guetteur, complice des amoureux, veille sur eux et devise avec un compagnon du galant : ce personnage attend (comme dans une chanson célèbre du troubadour Guiraut de Borneilh) que son ami, à l’aube, sorte de la tour. Voici comment il faudrait lire la pièce :


LE COMPAGNON DE LAMOUREUX (parlant au guetteur).


Gaite de la tor,
Gardez entor
Les murs, se Deus vos voie (c),
Cor sont a sejor
Dame et seignor
Et larron vont on proie.

(a) Je trouve. — (b) Qui rivalisent ? ou qui se provoquent au jeu ? — (c) For mute de bénédiction.

  1. Bartsch, Romances, III, 22.
  2. Motets, I, p. 24 ; II, p. 13 ; cf. Les Tournois de Chauvenci, V. 2342-3 ; Romania, t. X, p. 524 ; Œuvres d’Adam de la Halle, publiées par Coussemaker, p. 256.
  3. Romania, t. XXXllI (1904), p. 616.