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après tout l’état-major, chaque officier mis au courant de l’ensemble de la situation, expédier les ordres pour l’exécution de la volonté du chef suprême et se préparer ainsi à en surveiller l’exécution.

Pour ma part, et tout en reconnaissant que toutes les mesures prises n’ont pas été parfaites, que les ordres de mouvement auraient pu être mieux étudiés, il me semble qu’il y a beaucoup à retenir de ces constatations, et que Lettow nous fait assister, d’une manière saisissante, au début des excellentes traditions du haut commandement et de l’état-major prussiens[1]. L’organisation française de cette époque était toute différente. Nous y reviendrons en nous occupant du maréchal de Grouchy.

Pour terminer ce qui a trait aux décisions des chefs des armées alliées, je me bornerai à citer, en les résumant brièvement et sans suivre l’ordre dans lequel elles sont présentées, quelques-unes des très intéressantes remarques présentées par Lettow sur la marche de la bataille de Waterloo elle-même.

Lettow estime que la victoire est due à l’action commune des deux armées alliées ; il n’a nullement l’intention de rechercher mesquinement la part qui revient à chacune dans le succès. Toutefois, il constate, chiffres en main, que l’armée anglaise a failli être rompue par les effectifs dont a disposé réellement Napoléon : 50 000 Français contre 65 000 Anglo-Allemands ; et qu’elle l’aurait été presque sûrement sans l’arrivée des troupes prussiennes. Cela fait ressortir, dit-il, la merveilleuse aptitude des Français pour l’attaque.

Si les Français avaient attaqué plus tôt, c’en était peut-être fait de la résistance des Anglais ; car, malgré l’avis de Clausewitz, il aurait été impossible aux Prussiens d’arriver à temps.

Les troupes anglaises ont fait preuve d’une admirable solidité. L’influence personnelle de Wellington pour faire maintenir énergiquement sa position a été très grande, très utile dans les momens critiques. Il a bien mérité son nom de « Duc de fer..., » mais il n’avait pas assez de troupes en réserve derrière son centre ; il a également eu le tort de ne pas faire rejoindre le détachement du prince Frédéric, qui couvrait inutilement Bruxelles...

Quant à l’habileté diplomatique de Wellington, — dont

  1. Voyez dans la Revue du 15 juin 1903 : Le haut commandement des armées et 15 décembre 1904 : Hautes études de guerre.