Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de chercher par un grand effort, dans des conditions presque désespérées, à rattacher encore la victoire aux aigles de la France, est digne du passé du grand Empereur. »

L’attaque de la Garde devait être le signal d’une attaque générale de l’armée. Des officiers galopèrent sur toute la ligne pour annoncer qu’on entendait le canon de Grouchy… Les bataillons de la Garde échouèrent, malgré leur vaillance. Lorsqu’ils furent forcés de se replier, les boulets des batteries prussiennes de Ziethen tombèrent dans les rangs de nos soldats de l’aile droite. La déroute commença… Ce n’était pas le canon de Grouchy !


III

« L’Empereur attendait Grouchy. Ce n’est pas Grouchy ; ce sont les Prussiens qui sont arrivés ! » Cette nouvelle, colportée dans les rangs de l’armée après Waterloo, fut répandue à profusion en France. Elle contribua à asseoir la légende, acceptée encore aujourd’hui par beaucoup de personnes, que Waterloo a été perdue par la faute de Grouchy.

L’ouvrage de Lettow va-t-il nous donner de nouveaux éclaircissemens à cet égard ? Je vais l’examiner rapidement.

Le général von Lettow est d’accord avec M. Henry Houssaye, pour les circonstances qui ont précédé et amené le détachement de l’aile d’armée du maréchal de Grouchy, à l’effet de poursuivre les Prussiens, après la bataille de Ligny, et que voici :

L’Empereur retourne à Fleurus vers onze heures du soir, et y passe la nuit, couvert par une brigade de chasseurs qu’on retira de Saint-Amand ; le restant de l’armée bivouaque sur le champ de bataille ;

Des ordres sont donnés aux corps de cavalerie Pajol et Exelmans en marche le 17, dès la pointe du jour, sur les traces des Prussiens, et la division d’infanterie Teste est envoyée pour les soutenir ; les renseignemens qu’ils expédient tendent à faire croire que la retraite de l’ennemi se fait vers l’Est, par Gembloux ;

Tardivement renseigné sur ce qui s’est’ passé à Quatre-Bras par Ney, qui lui-même ignore le résultat de la bataille de Ligny, l’Empereur refuse de donner des ordres à Grouchy dans la matinée du 17 juin ; il attend encore pour voir plus clair dans la situation et se décide enfin vers onze heures à marcher avec