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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/830

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LOUIS XVIII ET LE COMTE D’ARTOIS
RÉCITS DES TEMPS DE L’ÉMIGRATION

II[1]
L’ADVERSITÉ RÉCONCILIATRICE


I

Dans l’émouvante histoire de Louis XVIII durant l’émigration, l’année 1800, à n’y regarder qu’au point de vue de la sûreté personnelle du prince, n’est pas celle où il a le plus à se plaindre de sa destinée. La générosité du tsar Paul Ier lui a assuré un asile. Traité en souverain, il y vit paisible, à l’abri du besoin, grâce aux deux cent mille roubles qu’il reçoit annuellement de son bienfaiteur, dans une intimité familiale, dont la présence à ses côtés de la Duchesse d’Angoulême accroît pour lui la douceur et qu’embellit encore l’incessant dévouement de son fidèle ami, le comte d’Avaray. Parmi ses familiers d’autrefois, quelques-uns de ceux qu’il préfère ont pu le rejoindre. Lorsqu’il franchit le seuil du palais où l’hospitalité lui est accordée, il peut voir, dans ses antichambres et à sa porte, ses gardes du corps lui rendant les mêmes honneurs que s’il résidait à Versailles, ou aux Tuileries.

Mais ces avantages matériels dont, sans qu’il puisse le

  1. Voyez la Revue du 1er février 1906.