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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/129

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questions ont été traitées à Caboul. « L’un des buts de la mission a dit M. Brodrick au Parlement britannique, a été d’entretenir des relations amicales avec l’émir, en ce qui concerne certaines questions subsidiaires. Ces questions sont la création d’un chemin de fer stratégique à Dakka, sur la frontière, en vue d’éviter les difficultés du passage de Khaïber et d’assurer une meilleure mobilisation des troupes, la façon dont l’émir peut user de son influence sur les tribus qui bordent la frontière nord-ouest, L’achat et l’importation d’armes en Afghanistan. Elles paraissent avoir été résolues dans le sens anglais, et déjà l’on annonce la mise à l’étude du chemin de fer de Peïchawer à Dakka.

Dans ces derniers temps d’ailleurs, les troupes de l’Inde ont reçu dans leur organisation des modifications profondes qui les mettent à même de rendre possible une marche rapide sur Caboul. Jusqu’en 1893, les forces militaires de l’Inde étaient réparties en trois armées, correspondant aux présidences du Bengale, de Madras et de Bombay. Ces trois groupemens, arbitrairement formés, étaient tout indépendans et avaient gardé leurs traditions et leurs usages locaux. En 1894, les premier, second et troisième corps d’année des Indes étaient réunis et l’on assurait, au moins dans le principe, l’unité d’administration et d’organisation sous l’autorité directe du commandant en chef. D’autre part, les forces éparses sur la frontière du Pendjab formaient un quatrième corps d’armée, fort de 75 515 hommes. Mais l’éparpillement du reste des troupes sur l’immense étendue de l’empire indien rendait problématique la concentration des 230 726 hommes de l’effectif total, au cas d’une agression venant du Nord. L’éparpillement des forces anglaises était d’autant plus fâcheux que l’ouverture de nouvelles voies ferrées dans le Turkestan russe a rendu plus facile cette éventuelle agression. L’ouverture de la ligne Merv-Kouchka, appendice stratégique de la ligne Ouzoun-Ada-Tachkent, s’arrête à proximité de Hérat, d’où une armée peut gagner le Séïstan, Candahar et le cours de l’Indus. D’autre part, la ligne nouvelle Orenbourg-Tachkent, se raccordant à Orenbourg avec le réseau général de l’empire, peut amener le 23e corps d’armée de Russie d’Europe à la frontière afghane, et, comme elle rejoint également le chemin de fer transcaspien, est en mesure d’y déverser le matériel roulant nécessaire venu du réseau général, tandis qu’auparavant le transcaspien était réduit à ses propres forces.