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Nos prélats lâches et perfides,
De la pourpre romaine avides,
Reçoivent ce dogme inconnu ;
Et le seul Molina, docteur de l’Évangile,
Montre un chemin au ciel plus court et plus facile
Que celui qu’aux vieux temps nos pères ont tenu.

Quatre seuls pasteurs de la France
De ce venin par leur constance
Avaient garanti leurs troupeaux,
Mais la Société ne veut pas[1]qu’on la brave ;
Laffiteau son élève et Tencin son esclave,
Juges de ces martyrs, ont été leurs bourreaux[2].

Je vois un vieillard vénérable
De la cabale impitoyable
Subir les arrêts inhumains,
Et par un jugement qui flétrit leur mémoire
Emporter dans l’exil le renom et la gloire
D’être, comme Brutus, le dernier des Romains.

Grand Dieu ! c’est toi que l’on insulte,
Les ennemis de ton vrai culte
N’en veulent pas demeurer là.
On ne peut[3]établir ton pouvoir sur la terre
Qu’en les précipitant, par un coup de tonnerre,
Dans le fond du Tartare aux pieds de Loyola.

Oint du Seigneur, jeune monarque
Que des embûches de la Parque
Sa main a sauvé tant de fois,
Si tu veux prévenir des effets plus sinistres, Ne mets point[4]désormais au rang de tes ministres
Ceux qui sont plus soumis à Rome qu’à leurs rois.

  1. Var. ne veut point.
  2. Var. vont être leurs bourreaux.
  3. Var. Tu ne peux.
  4. Var.
    Ne mets plus.