les actes d’union. » Il critiquait l’unité départementale, et, sollicité de préciser les réformes, il inspirait, en 1881, à quelques-uns de ses élèves, la rédaction d’un programme ingénieux, qui se recommande plus que jamais à l’attention publique[1] :
I. — Restaurer le véritable gouvernement du pays par le pays.
II. — Séparer, dans les pouvoirs et dans les budgets, les affaires générales des affaires locales.
III. — Attribuer les affaires générales à l’État et rendre aux pouvoirs locaux la gestion des affaires locales.
IV. — Établir, sur de larges bases, la démocratie communale et le gouvernement local et faire des institutions locales l’école primaire du citoyen.
V. — Introduire, dans une certaine mesure, la spécialité dans les dépenses communales, pour faciliter le contrôle et hâter l’éducation du suffrage universel.
VI. — Compléter le vie communale dans les cités et la simplifier dans les campagnes.
VII. — A cet effet, conserver a la commune rurale son organisation actuelle et concentrer au canton les services auxquels elle est impuissante à pourvoir.
VIII. — Dans les villes, rendre aux conseils municipaux la gestion réelle des affaires locales, sous le contrôle du préfet et la tutelle de la commission permanente du conseil général.
IX. — Supprimer les arrondissemens administratifs, rendus inutiles par les attributions données au canton : mais conserver les arrondissemens judiciaires et remanier les arrondissemens électoraux, d’après la nature du sol et les rapports d’intérêt, dont il faut assurer l’exacte représentation.
X. — Créer des circonscriptions régionales homogènes composées de plusieurs départemens, en tenant compte surtout de la connexité géographique, historique ou commerciale qui relie leurs intérêts.
XI. — Concentrer dans ces circonscriptions régionales les services qui dépassent le cadre trop étroit du département, ou qui ont été indûment transférés à l’État.
La réalisation d’un tel programme consacre la décentralisation administrative et maintient la centralisation politique, fondement de l’unité nationale. L’Etat, rendu à sa mission normale, voit ainsi son intervention limitée aux entreprises qui dépassent les forces de la commune et de la province. « Si j’avais à faire une classification entre les diverses réformes nécessaires, disait Le Play aux rédacteurs du programme de gouvernement, je les distinguerais en deux catégories, à savoir : « les réformes préalables, » qui portent principalement sur les idées de la nation,
- ↑ Programme de gouvernement et d’organisation sociale, par un groupe d’économistes, avec une lettre-préface de F. Le Play. Parts, 1881.