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cotisation fixe, proportionnelle au nombre des têtes de bétail ; tantôt ils s’engagent mutuellement à réparer les préjudices causés. En cas de dommages exceptionnels provenant d’épidémies, la société de secours mutuels s’adresse à la caisse régionale, caisse de compensation qui répartit plus également les chances de perte et équilibre les risques, en vertu de la loi des grands nombres. Les fonds de prévoyance des syndicats sont alimentés par des contributions qui, en général, n’excèdent pas 2 pour 100 de la valeur de l’étable assurée.

Un rapport du ministre de l’Agriculture fournit ici une statistique fort intéressante. À la fin de 1897, il existait 1484 sociétés d’assurances mutuelles agricoles ; au 31 octobre 1904, il y en avait 4 820, assurant un capital de 250 048 217 francs, représentant un personnel de 265 015 membres, et se partageant ainsi : sociétés contre la mortalité du bétail, 4 719 ; sociétés contre la grêle, 16 ; sociétés contre l’incendie, 83 ; sociétés contre les accidens, 2. L’assurance du bétail était organisée dans tous les départemens, sauf un : comme on voit, l’immense majorité des sociétés a été constituée pour cet objet exclusif, et il convient de reconnaître que l’administration supérieure n’a jamais cessé de favoriser cet essor. Dès 1897, les assurances mutuelles florissaient dans les Landes et le Loiret ; depuis, des progrès remarquables se sont accomplis dans les régions de l’Est, de l’Ouest, et dans les pays d’élevage de la région du Sud-Est. Dans la Haute-Saône, la Haute-Marne et les Vosges, la valeur du capital assuré a passé de deux à vingt millions ; dans la Charente-Inférieure, les Deux-Sèvres, la Vendée, la Loire-Inférieure et la Sarthe, elle a augmenté de vingt-quatre millions ; dans l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, elle s’est élevée de un à dix-sept raillions ; même progression dans les Côtes-du-Nord et le Morbihan. Pour que des résultats aussi magnifiques ne soient pas compromis, M. Henry Sagnier et les hommes les plus compétens demandent deux choses : 1° que les subventions octroyées par le ministère de l’Agriculture ne servent pas de prétexte à des menées d’ordre politique ; 2° que chaque société, tout en demeurant limitée à un rayon peu étendu, s’appuie sur une réassurance bien organisée ; car c’est la méthode qui garantit contre les risques de pertes exceptionnelles provoquées par une épizootie. La méthode prévoyante est en quelque sorte Je diamant de l’esprit, le Sésame magique qui ouvre toutes les portes dans le palais mystérieux du monde de l’intérêt.