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Grimm, le frère du grand Jacob Grimm, — ce Christophe Colomb de la philologie germanique, — et il a publié, avec une piété filiale, la correspondance de jeunesse des deux frères Grimm[1]. Son mariage avec Gisèle d’Arnim, la fille d’Achim von Arnim et de la célèbre Bettina d’Arnim, la sœur du poète romantique Brentano, qui devait lui fournir l’occasion de publier une nouvelle édition de l’ouvrage curieux de Bettina d’Arnim, vettres de Gœthe à un enfant (Berlin, 1881), et avec B. Steig, un ouvrage sur Achim von Arnim, et son entourage (Stutt., 1894). Il s’alliait, par son mariage, à une famille où le goût de la poésie et des beaux-arts était héréditaire. La célèbre Bettina d’Arnim n’était pas, comme son frère Clemens Brentano, un vrai poète. C’était surtout une nature enthousiaste, eine Schwärmerin, une tête qui s’échauffe, comme on dit en allemand, qui s’enthousiasma pour bien des folies, et dont le manque d’équilibre faisait le principal défaut d’esprit et de caractère. L’amie qui fut très près de son cœur, la pauvre poétesse exaltée Caroline de Günderode, alla, elle, après un chagrin d’amour, jusqu’au suicide[2]. Bettina fut, peut-être, protégée contre les excès de sa sensibilité exaltée, par son mari. Ludwig Achim von Arnim fut le plus romantique des romantiques allemands, — et Dieu sait, pourtant, si ceux-ci étaient échevelés ! Mais il fut surtout une noble nature idéaliste, un esprit et une âme chevaleresque, un parfait cavalier. Gisèle d’Arnim, en accordant sa main à H. Grimm, lui apporta un rayon de la poésie chevaleresque qui illuminait le front de son père et de sa mère.

Après s’être essayé dans deux drames, et avoir écrit quelques nouvelles, — prélude de son roman futur, — H. Grimm rapporta d’un long séjour en Italie son ouvrage capital, son Michel-Ange.

On a dit, avec raison, qu’il eût pu intituler ce livre non pas : Vie de Michel-Ange, mais Michel-Ange et son temps. Il a répondu que, pour lui, Michel-Ange résumait toute la vie de son temps. Et cela est vrai. Michel-Ange est, par excellence, l’homme représentatif de la Renaissance italienne, et c’est pour cela que le livre d’H. Grimm n’aurait pas pu porter à son frontispice le nom de

  1. On connaît les fameux Contes des frères Grimm, ce trésor des enfans allemands. — Un troisième frère, Emile Grimm, fut un peintre et surtout un graveur de talent.
  2. Voyez la Revue du 1er février 1895, Caroline de Günderode et le Romantisme allemand, par G. Valbert.