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adressées, que je m’étais résolue de n’en escrire plus et de faire instance pour obtenir une autre assignation au lieu de celle qui m’a esté ci-devant baillée. » Mais Henri IV n’a pas voulu donner cette autre assignation. Il n’a pas voulu non plus, ce que proposait la reine, réduire le chiffre des conseillers à créer de quatre à deux. Il a consenti seulement à ce qu’on envoyât une huitième lettre de jussion : peine perdue ! Deux ans après la mort d’Henri IV, en 1612, soit huit ans après la signature de l’édit, l’affaire n’était pas conclue !

Pas plus facile ne fut la question des secrétaires de Navarre. Lorsque Henri IV, roi de Navarre, était devenu roi de France, il avait fallu faire un sort au personnel de l’ancienne petite cour de Pau et Marie avait proposé que les fonctions de « secrétaires de la maison et couronne de Navarre » fussent érigées en celles de « secrétaires de la maison et couronne de France » moyennant un droit qu’elle aurait touché ; c’était une affaire de 20 000 livres destinées à payer les dettes dues à son surintendant, M. d’Attichy. Après bien des difficultés, parlement et chambre des comptes avaient enregistré. La cour des aides refusa. La place prise dans la correspondance de la reine par les lettres innombrables de prières qu’elle écrit à ce sujet est disproportionnée !

Henri IV avait consenti encore à accorder « des offices de secrétaires ordinaires de sa chambre, » puis aussi « des survivances de secrétaires de la maison et couronne de France ; d’audienciers et contrôleurs de grandes et petites chancelleries, et de secrétaires en icelles ; » la princesse se heurta aux mêmes obstacles.

A côté de ces créations d’offices proprement dits, quelle variété de ressources imaginées pour venir en aide aux finances obérées de la reine !

Sur la proposition d’un certain Jean Coberet, on donne à Marie de Médicis l’argent qui pourra provenir des amendes infligées aux fraudeurs coupables d’avoir volé l’État à propos de certain droit « de soixante et quarante sols à payer de chaque quintal de sel » mis en vente dans le Languedoc. La souveraine doit en tirer 120 000 livres et Coberet touchera 2 000 livres de commission. En 1605, le roi avait rendu un édit qui autorisait dans toute la Normandie deux individus par paroisse à se libérer d’un certain nombre de charges et impôts moyennant une somme fixe qu’ils paieraient une fois pour toutes ; ces sommes étaient abandonnées