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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/207

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commentateurs nous en apprennent davantage. Ils ont bien senti qu’un titre seul, fût-il suivi d’une dédicace et complété par un détail insignifiant, ne suffirait jamais à donner l’intelligence d’une œuvre aussi considérable. Ils en ont donc entrepris l’exégèse intégrale, avec l’agrément — tacite au moins, — de l’auteur et d’abord en son propre pays. C’est de la glose allemande que s’est inspiré notre ingénieux et savant confrère, M. Charles Malherbe, pour nous présenter et nous expliquer à son tour la partition de M. Strauss. Ainsi nous pouvons tenir la brochure qui se distribuait dans la salle pour le programme officiel de la Symphonia domestica.

« L’homme, y lisait-on d’abord, l’homme est un être qui agit et qui pense ; son corps se meut, son esprit médite et rêve. De là deux thèmes qui s’enchaînent dès le début... Le premier soulignera la volonté de l’époux ou du père de famille. Il représentera l’énergie et l’activité dans le ménage ; le second s’appliquera plus spécialement aux manifestations de son intelligence, à ses pensées ou à ses désirs ; l’union de ces deux principes déterminera la force créatrice, l’élan passionné...

La femme se présente sous deux aspects, qui justifient la présence de deux thèmes : l’un dit la fantaisie et le caprice de sa nature ; l’autre correspond à ses facultés affectives, au charme de sa grâce, à la tendresse de son cœur.

« L’enfant doit se contenter d’un motif unique... et cette unité s’explique par l’absence de personnalité, ou du moins de nuances distinctives et appréciables dans son caractère. »

Voilà pour le fond psychologique de l’œuvre. En voici maintenant les dehors. Après les sentimens, voici les incidens et les menus faits de la maison. Ce sont les jeux de l’enfant ; c’est son lever à sept heures du matin et son coucher à la même heure, le soir ; quand il est endormi, c’est le travail du père en son cabinet, à son bureau ; c’est une querelle de ménage. Ailleurs, c’est l’épisode que nous rapportions plus haut, le seul que M. Strauss ait jugé digne d’une mention particulière, le débat, entre les oncles et les tantes, sur la ressemblance, paternelle ou maternelle, de leur neveu.

Peut-être voyez-vous, par ce résumé d’une analyse à laquelle pas une intention, pas une prétention n’échappa, tout ce qu’une telle œuvre comporte de volonté, de recherche, de préméditation, d’arbitraire et, çà et là, de puérilité. Qu’arrive-t-il alors ? Ou nous n’avons pas lu le commentaire préparatoire et nous ne comprenons rien à la musique ; ou, l’ayant lu, nous risquons encore, faute de le posséder suffisamment, de la comprendre tout de travers et de la méconnaître. Ainsi dans le premier