Après la paix, cette jalousie inconséquente s’est convertie en dédain. Ce peuple pour lequel on prétendait avoir pris les armes est devenu un objet de mépris pour la Cour ; on a négligé de correspondre avec les Américains et, par cette conduite criminelle, on a donné aux Puissances, dont nous devions écarter l’influence en Amérique, des armes pour y combattre et détruire la nôtre... C’est ainsi que, par leur infâme politique, ils dégoûtaient les Américains de l’alliance de la France et les rapprochaient eux-mêmes de l’Angleterre. »
Ayant remplacé « ces vils suppôts du despotisme, » les membres du comité exécutif traçaient au nouveau représentant de la France « une route diamétralement opposée aux sentiers tortueux dans lesquels on avait fait ramper ses prédécesseurs. »
Se croyant certain de réussir à transformer en une machine de guerre contre la Grande-Bretagne l’amitié des États-Unis et préjugeant leurs résolutions et leurs actes, comme s’il en avait été le maître, le comité enjoignait à Genet d’user de tous les moyens pour faire observer les clauses du traité de commerce antérieurement conclu avec les États-Unis. Par ce traité, les parties contractantes, après s’être engagées à admettre librement les prises opérées par l’une d’elles, avaient renoncé à la faculté de permettre à leurs citoyens respectifs de faire la course sous pavillon étranger, d’admettre dans leurs ports des prises étrangères ou de concourir à l’armement ou à l’approvisionnement de corsaires étrangers. Ce dernier point était particulièrement signalé à la vigilance du ministre français, le grand éloignement où se trouveraient les corsaires anglais de leurs ports d’attache et l’embarras des approvisionnemens devant rendre leurs expéditions plus dispendieuses et le renvoi et la vente des prises plus précaires, « tandis que nos bâtimens, usant du droit de représailles, auraient à leur disposition tous les ports des États-Unis et les approvisionnemens dont ils abondent. »
Un tel plan ne pouvant devenir pratique qu’à la condition d’être agréé par le gouvernement américain, le comité des Affaires étrangères, malgré son optimisme, n’était point sans laisser percer la préoccupation de voir nombre de marins des États du Nord, remarquables par leur activité et leur hardiesse, accepter des commissions anglaises pour inquiéter et dépouiller le commerce français. Sans doute, ni le Congrès, ni le pouvoir exécutif des États-Unis n’approuveraient ces agissemens, mais comment méconnaître