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opération, on obtient la profondeur de la mer, un litre environ d’eau immédiatement sus-jacente au fond et un échantillon du fond lui-même. On dévisse le tube, on expulse le boudin en le chassant avec un mandrin en bois, on a soin d’y marquer par un trait indélébile le haut et le bas, on le laisse se dessécher quelque peu à l’air, on l’enveloppe d’une double ou triple épaisseur de papier à filtre, puis d’une bande de calicot et on l’introduit, pour le conserver, dans une boîte longue et étroite, en zinc, munie d’un couvercle et dans laquelle il est soigneusement calé avec de l’étoupe.

Le ramasseur Léger sert pour le sable que le tube Buchanan est impuissant à rapporter. Il se compose d’un système de deux écopes à section triangulaire : maintenues écartées à la descente, dès qu’elles arrivent en contact avec le sol, elles se ferment brusquement en raclant le fond dont elles emprisonnent une partie. Comme elles sont assez lourdes, leur poids suffit à maintenir leur fermeture assez serrée pour que le sable ne puisse pas s’échapper pendant la remontée.

Le premier soin, au début d’une étude lithologique, doit être d’établir une nomenclature permettant de désigner les divers fonds.

La tentative en a été faite depuis longtemps. Les pilotes, dans les atterrissages, se guident d’après la nature des fonds dont une parcelle est restée collée au suif de leur plomb de sonde. Bien que la classification des marins, telle qu’elle est indiquée sur les cartes marines, soit peu scientifique, elle est simple, pratique et facilement compréhensible à ceux qui ont besoin de l’employer. Ils distinguent deux catégories de fonds, les sables à grains isolés fuyant dans la main et les argiles ou vases collant aux doigts. Chaque catégorie est sous-divisée d’après ses caractères intérieurs, sables gros, fins ou très fins, blancs, gris, verts, à paillettes brillantes, vases grises, bleues ou rouges. Les intermédiaires sont des sables vaseux ou « vasards » s’ils renferment moins de vase que de sable et des vases sableuses dans le cas contraire. Si l’on y trouve des coquilles, on l’indique en spécifiant l’état de celles-ci, entières, brisées ou moulues. En joignant à ces désignations la roche, les herbiers et les débris de madrépores, on possède une nomenclature lithologique complète. Son défaut est d’être souvent assez vague puisqu’il arrive que tel sable vaseux pour un observateur est dénommé vase sableuse par un autre observateur. Le