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ou plutôt de leurs dépouilles. On eut ainsi des vases à globigérines, à radiolaires, à ptéropodes ou à diatomées.

Cette classification n’échappe pas aux critiques. Les mêmes êtres sont susceptibles de peupler des fonds très différens d’aspect et de composition, d’autant plus que souvent ils n’auront pas vécu à l’endroit où on les rencontre mais y auront été amenés. Suffira-t-il en outre de la présence d’une seule dépouille pour caractériser le fond ? En faudra-t-il deux, dix, cent ou mille ? Où commencera la présence accidentelle et finira la présence à l’état d’élément constitutif essentiel ? On avait, il est vrai, établi une limite de 30 pour cent, en poids, de ces dépouilles. Cependant une autre difficulté surgit : comment isoler et peser ces carapaces ou coquilles, monstrueuses lorsque leur taille atteint un millimètre et qui se trouvent en majeure partie à l’état de fragmens brisés offrant tous les passages jusqu’à l’état de poussière impalpable ? Et encore, si ces espèces s’excluaient les unes les autres, on serait fixé ; mais il n’en est rien ; et si l’on examine au microscope le premier échantillon venu de vase profonde, il est rare que l’on n’y découvre pas à la fois, des foraminifères, des radiolaires, des diatomées, des spicules d’épongés, sans compter des ptéropodes qui y sont assez fréquens.

L’idéal d’une classification doit être qu’un échantillon de fond étant partagé entre plusieurs océanographes, sans relations entre eux, ignorant tout de ce fond, son lieu d’origine, sa profondeur, il reçoive de chacun d’eux, après analyse, la même dénomination. Pour que le problème soit résolu, il faut que la classification tire tout de l’échantillon en soi ; il lui est interdit d’être géographique, ou zoologique ; elle doit par conséquent rester uniquement minéralogique ou lithologique, puisque, en supposant la présence d’êtres organisés, ils s’y rencontrent en réalité à l’état de minéraux.

Les dénominations des marins sont claires, depuis longtemps connues de tous et par conséquent compréhensibles à tous. Leur seul défaut est leur manque de précision. On les adoptera donc en leur enlevant l’imprécision et l’on partagera les fonds en sable, sable vaseux, vase sableuse et vase, de sorte qu’en définitive, la classification sera fondée sur la dimension des grains et il deviendra dès lors indispensable de fixer des limites rigoureuses entre ces diverses grosseurs.

Les minotiers se servent pour bluter les farines, de tamis fabriqués avec des tissus de soie à mailles très égales dont les numéros