rigoureux et beaucoup moins déductif que celui de la géographie physique. Fausser les relations entre les faits en leur attribuant une précision plus grande que ne le comporte la réalité est une des plus graves fautes qu’on puisse commettre dans la recherche scientifique. Ces données fondamentales ne doivent jamais être perdues de vue, si l’on essaie de préciser, — dans la mesure exacte où ils peuvent l’être — les rapports entre l’homme et la terre. Or, beaucoup de géographes, après avoir parlé, non sans raison, d’action et de réaction des forces naturelles et des forces humaines, se demandent avec trop de rigueur et d’une manière trop abstraite : Jusqu’à quel point s’exerce l’influence des forces naturelles sur l’activité humaine, et dans quelle mesure l’homme réagit-il vis-à-vis de ces forces naturelles ? Quelques-uns ajoutent : Ne conviendrait-il pas de commencer par faire le départ entre les effets de la première influence et les effets de la seconde ? et ne conviendrait-il pas d’adopter ensuite, comme principes d’une division scientifique générale, ces deux termes antithétiques : « action de la nature sur l’homme, » et « réaction ou action de l’homme sur la nature ? » De là sont nées les expressions de « géographie humaine passive ou statique » et de « géographie humaine active ou dynamique. »
Pour conclure, que faut-il penser de ces « têtes de chapitre » que certains voudraient nous proposer ? — C’est là, à notre sens, une classification générale des faits d’anthropogéographie beaucoup trop factice pour qu’elle puisse être acceptée ou seulement tolérée.
Même dans les faits les plus élémentaires, nous distinguons au contraire une action et une réaction qui sont indissolublement entremêlées. L’homme qui se blottit la nuit dans une grotte naturelle, profite d’une circonstance naturelle, et son rôle vis-à-vis de la nature physique est réduit au minimum : toutefois ce n’est pas la grotte seule qui est un fait géographique humain, mais la grotte en tant que refuge humain ; alors même que l’homme ne crée en rien et ne modifie aucunement le fait dont il profite, le seul fait qu’il en profite révèle un phénomène complexe dans lequel l’homme subit, il est vrai, la suggestion de la nature, mais auquel il participe, ne serait-ce que par une sorte de très obscur instinct. Le cours d’eau, que l’homme utilise pour circuler sur une pirogue ou pour faire flotter le bois qu’il doit transporter, ne prend place dans la géographie humaine que parce que la rivière est faite