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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/31

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Peu de jours après, le Duc de Bourgogne quittait lui-même l’armée de Flandres et retournait à Versailles, où il allait être mêlé d’encore plus près à des négociations autrement graves.


IV

« S’il y a jamais eu des conjonctures qui demandoient l’application la plus sérieuse à trouver des expédiens pour sortir heureusement d’une guerre funeste, l’on peut dire que c’est la présente dans laquelle les ennemis, enflés par les avantages inouïs qu’ils ont remportés et animés plus que jamais contre la France, font des menaces qu’on n’ose pas nommer et qu’on croiroit non seulement impraticables, mais même insensées, si les succès si peu attendus qu’ils ont eus depuis quelques années ne donnoient lieu à tout craindre de la part d’un ennemy implacable et acharné[1]. »

Ainsi débute un mémoire sans nom d’auteur, mais daté de l’année 1709, qui se trouve au ministère des Affaires étrangères et qui conclut, comme diversion à la guerre qui se poursuivait alors en Flandre, à une expédition dirigée contre l’Ecosse. Quel que soit l’auteur de ce mémoire, le ton dont il s’exprime traduit exactement l’état d’anxiété générale qui régnait en France au cours de cette néfaste année 1709, dont les épreuves extérieures étaient encore aggravées par la famine et la détresse intérieure. Aussi n’est-il pas étonnant que tout un parti se formât en France qui désirait la paix, la paix à quelque condition que ce fût. La France eut alors ses pacifistes qu’on appelait, dans une langue plus correcte : les pacifiques, et assurément ils n’étaient pas sans excuse. Ce parti comptait des adhérens à Versailles même, parmi les personnages les plus haut placés. Au premier rang des pacifiques on trouve Mme de Maintenon. Sa correspondance de ces années avec son neveu le duc de Noailles et avec la princesse des Ursins nous la montre, elle-même en convient, « abattue, tremblante, » toujours portée à toutes les concessions, et, quoiqu’elle s’en vante dans les rares momens où elle

  1. Aff. étrang. Corresp., Angleterre, vol. 226.