Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lendemain arrive un envoyé du gouvernement britannique. Il a pour mission d’empêcher Gustave IV de se rendre à Londres et proteste lorsqu’il apprend que le voyageur accepte l’hospitalité de Louis XVIII. Leur réunion fera croire à des projets que l’Angleterre ne saurait approuver. Le Roi s’emporte, il déclare que s’il ne doit pas être libre de ses volontés, il repartira pour le continent. Blacas le calme et obtient de lui qu’il attendra à Braxted le résultat des démarches qui vont être faites auprès des ministres anglais. Tout s’arrange enfin ; les ministres cèdent et consentent à la réunion des deux princes.

« Le 23, au matin ; il arriva à Wimbledon seul dans un post-chaise à deux chevaux n’ayant pour suite que son sabre et pour escorte deux pistolets, car le domestique, qui est à présent toute sa maison, ne vient que longtemps après lui. Notre maître était entouré de toute sa famille et le roi de Suède semblait se croire au milieu de la sienne. Depuis lors, il a toujours été de même, plein d’attention pour tout le monde, parlant toujours avec noblesse, avec dignité, froid, mais touché des moindres soins… Il est venu de Wimbledon ici (Hartwell) avec le Roi. Il occupe la chambre bleue ; mais l’appartement de la Reine va être préparé pour lui. Je vais tâcher de me procurer un cheval de selle parce que je sais qu’il aime à monter à cheval ; et comme également, il aime la musique, j’ai demandé à Londres un piano forte. Je crains malgré nos soins qu’il ne reste pas très longtemps en Angleterre. Le climat lui déplaît et les premières difficultés qu’il a éprouvées lui avaient donné beaucoup d’humeur. Il a refusé le traitement que le gouvernement lui a offert ainsi qu’un appartement dans le château d’Hampton-Court, qui lui a été proposé. »

Gustave IV passa trois mois à Hartwell, et peut-être se fût-il décidé, malgré tout, à se fixer en Angleterre, s’il n’eût constaté à divers traits que le gouvernement souhaitait qu’il abrégeât son séjour.

« Tout le monde est pour lui d’une injustice atroce, » disait Blacas. On essayait de le faire passer pour fou et les témoignages de respect et d’affection qu’on lui prodiguait à Hartwell ne le consolaient pas des « procédés inqualifiables » dont il était l’objet de la part du gouvernement. Ils le décidèrent à partir. A la fin de mars, il s’embarquait à l’Armouth, poursuivi jusqu’au bout par le mauvais vouloir des Anglais. Louis XVIII eût voulu qu’un gentilhomme français, le comte de la Ferronnays, accom-