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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/326

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les points d’appui (dont 70 pour les points d’appui hors de la métropole). Mais il reste encore beaucoup de travaux à finir ou à entreprendre. Cette année même, M. Thomson a fait au Sénat l’aveu suivant : « L’augmentation du matériel flottant des arsenaux a été reconnu nécessaire ; on a inscrit au budget actuel un crédit de 1 million pour le matériel destiné à faciliter le ravitaillement. » C’est une goutte d’eau dans la mer. Comme le dit si bien M. Ch. Bos, en dix ans (1898-1908), la puissance de notre marine aura presque doublé ; et il se demande : les stocks de charbon prévus auront-ils suivi la même progression ?

En 1891, le ministre portait à 389 000 tonnes le stock de guerre nécessaire à nos escadres. Nous n’avons point à rechercher ici pourquoi ce chiffre ne fut pas réalisé. Constatons simplement que, le 1er janvier 1895, le stock ne dépassait pas 378 548 tonnes. En 1900, l’état-major général réclamait 550 000 tonnes, pour une puissance de 631 360 chevaux-vapeur. En tenant compte des unités entrées en service depuis cette époque, on calcule qu’il fallait accroître ce chiffre d’au moins 15 000 tonnes, et, à mesure que les navires du programme de 1900 entreront en service, il sera urgent de l’augmenter encore. Le 1er avril 1904, le stock atteignait 431 268 tonnes. M. Ch. Bos estime, avec beaucoup de raison, qu’il nous manque plusieurs centaines de mille tonnes.

Il faut surtout constituer à Bizerte et à Saigon des dépôts très considérables, à cause de la situation de ces deux points.

En février 1904, au moment de l’ouverture des hostilités en Extrême-Orient, le stock de Saigon était insignifiant. Le ministre affréta six vapeurs pour transporter des briquettes dans ce port. L’administration locale, de son côté, passa des marchés sur place, si bien que, quelques mois après, le 1er juin 1904, le stock de la colonie atteignait 40 000 tonnes. C’était insuffisant pour le temps de guerre.

Le projet de réorganisation, qui date de 1902, prévoit, dans ce point d’appui, un dépôt de 100 000 tonnes à maintenir toujours au complet. On a pensé un instant que le charbon des mines de Port-Courbet pourrait y suppléer en partie. Cette considération fournit même un argument en faveur de l’adoption de ce port comme point d’appui de la flotte. Mais le charbon tonkinois n’est guère utilisable que sous forme de briquettes. De