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égalité dans les charges, limites imposées au budget, exigences sociales et économiques, etc., etc. Cependant les armées nouvelles, composées d’hommes moins longtemps exercés et rappelés, après plusieurs années, demandent, tout au moins, des cadres aussi solides qu’autrefois, tandis que la tactique moderne exige un dressage plus perfectionné. Il y a donc contradiction entre les deux termes de la question. C’est un problème nouveau qui se pose, et dans des conditions si compliquées qu’il n’a pu être résolu, d’une manière complètement satisfaisante, dans aucun pays. Les procédés employés doivent concilier les intérêts en opposition : service long pour les cadres, service court pour les soldats, obligations auxquelles la loi réduisant à deux ans le service sous les drapeaux ajoute un certain nombre de soldats à service prolongé (rengagés).

Les résultats désirables sont-ils obtenus par ces procédés ?

En Allemagne, où le service obligatoire a été mis en œuvre par des hommes remarquables, et fonctionne depuis près d’un siècle appuyé sur un système d’institutions sans rivales, et sous un gouvernement qui, par tradition, a pour principal souci les choses de la guerre, avec des mœurs qui font de l’armée le chemin presque exclusif des situations enviées à tous les degrés de l’échelle sociale et dans un pays relativement pauvre, qui en facilite, par là, l’application, on s’attend à trouver un tout homogène ne présentant aucune partie faible.

En fait, si l’on y rencontre une organisation supérieure à celles qui l’ont imitée, l’on y remarque aussi des défauts que l’avenir ne peut qu’accentuer de plus en plus, tant que lui manquera la base rationnelle et nécessaire de l’organisation complète du service obligatoire, celle que cette étude tend à dégager, c’est-à-dire une préparation efficace, obligatoire comme ce service lui-même.

Ainsi, le premier des principes empruntés à Rome, la faculté d’appeler sous les drapeaux les hommes de dix-sept à quarante-deux ans, ne pourrait être appliqué que d’une façon incomplète puisqu’il faudrait défalquer les jeunes gens de dix-sept à vingt ans et les hommes plus âgés, très nombreux, qui n’ont reçu qu’une instruction militaire très sommaire ou qui s’en trouvent totalement dépourvus. Le total de ces deux catégories peut être évalué à plus deux millions de manquans de la première heure, qui ne pourraient être sérieusement utilisés que si la guerre se