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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/590

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Ces considérations qui n’avaient pas échappé aux esprits clairvoyans ont déterminé des tentatives multiples, dès le lendemain de la guerre contre l’Allemagne.

On s’est rendu compte que l’éducation morale qui devrait commencer au premier éveil de l’intelligence de l’enfant, a sa place marquée dans le programme de l’école.

Le général Trochu avait émis l’idée d’un catéchisme militaire[1], indiquant les devoirs envers la patrie, leur nature, leur but, les travaux nécessaires à leur accomplissement, les obligations et les sacrifices qu’ils comportent. Ce vœu s’est réalisé par l’usage d’un manuel qui renferme aussi quelques élémens techniques utiles. De même, dans le domaine physique, l’enseignement de la gymnastique est devenu obligatoire. Mais, outre que cette prescription est inappliquée dans la plupart des communes rurales, la grande majorité des enfans quittent l’école de douze à treize ans ; même si elle était généralisée, les notions reçues, n’étant pas entretenues, se trouveraient à peu près perdues pour la plupart. Les sociétés de gymnastique et de tir qui ont pour objet de les continuer et de les développer, malgré des efforts qui leur méritent et leur valent les plus sérieux et les plus hauts encouragemens, ne peuvent encore et ne pourront que difficilement étendre leur action sur les petites communes, c’est-à-dire sur la masse des contingens.

De même les notions d’éducation morale et patriotique puisées à l’école, restant à la merci des contingences particulières des familles et des milieux, il est fort à craindre que les élémens enseignés et le plus souvent incomplètement assimilés par l’enfant ne laissent que de bien faibles traces, s’ils ne sont fréquemment rappelés à l’adolescent. Avant d’étudier les moyens qui paraissent propres à remédier autant que possible à ces inconvéniens, il parait utile d’examiner le troisième des élémens nécessaires à la formation des soldats et des cadres, et par conséquent à leur préparation : l’exercice du jugement.

Jusqu’à l’adoption des armes rayées et à tir rapide, en raison de la faible portée des fusils et des canons à âme lisse, la bataille, après le tâtonnement et l’engagement de quelques troupes légères, consistait surtout dans le choc des masses plus ou moins épaisses, selon la prédominance alternant, dans les

  1. L’Armée française en 1879.