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fond de notre tempérament trop souvent dévoyé par une éducation faussée et qui, bien qu’incomplètement développées, ont porté si haut, dans le passé, notre force d’expansion.

Ainsi préparés dès l’école primaire, et même au sein de la famille, quand les générations à venir, élevées d’après ces procédés, se seront pénétrées de ces principes, les jeunes gens verront s’ouvrir devant eux, dans les conditions les plus favorables, les carrières auxquelles ils se destinent, de la plus humble à la plus élevée, et, à partir de quatorze, quinze ou seize ans, ils seront prêts à recevoir avec fruit la culture préparatoire au service militaire, dont le développement complet se fera au régiment. Elle ne consistera qu’en une application plus spécialisée d’une méthode familière, sans nécessité d’uniforme, d’équipement et d’armement. Les instructeurs se trouveront facilement, dans les grandes agglomérations, parmi les associations qui ont pour objet l’instruction militaire, dans les cadres de nos réserves, composés d’hommes animés, pour la plupart, des sentimens patriotiques les plus élevés. Les centres moins importans, et jusqu’aux plus humbles communes, possèdent dans l’instituteur, appelé à devenir officier ou tout au moins sous-officier de réserve et de territoriale, un instructeur n’ayant qu’à continuer, le plus souvent avec les mêmes élèves, le mode d’enseignement de l’école.

Il sera très facile pour les uns et les autres de réunir les futurs conscrits, une ou deux fois par mois, de préférence pendant la belle saison, sur un point de la campagne voisine, où, après leur avoir rappelé les indications générales données dans une séance précédente, ils leur feront résoudre, — par l’analyse et la synthèse de circonstances déterminées et dans les conditions présentées par le terrain sur lequel ils se trouveront placés, — les problèmes simples concernant le soldat en station, en marche et au combat, en notant les solutions trouvées par chacun et en faisant ressortir, par une explication détaillée, les défectuosités ou les avantages des unes et des autres[1]. La répétition de ces exercices dans des directions ou des sites différens, en développant dans cette voie spéciale la gymnastique du jugement, conduira à des décisions promptes et justes qui se graveront si profondément dans la pensée qu’elles persisteront au milieu même du combat, malgré les affres du danger, y rendront plus clairvoyans le courage et l’esprit de sacrifice.

  1. Méthode identique à celle qui aura dû être employée à l’école.