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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/650

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il avait dû à cette circonstance d’être désigné pour cette mission que Louis XVIII considérait comme urgente. Il partit, mais ne lit qu’apparaître à Saint-Pétersbourg. Une lettre de Joseph de Maistre nous signale sa présence dans cette capitale. Elle rend hommage à ses mérites, mais ne fait aucune allusion aux affaires dont il était chargé. Il résulte de sa correspondance qu’il échoua dans ses démarches ou que, tout au moins, en ayant reconnu l’inutilité, il renonça à les poursuivre. Mais, sans attendre son retour, le Roi s’était décidé à recommencer la tentative en la confiant à un autre mandataire.

Ce mandataire fut le comte Auguste de La Ferronnays. Il était attaché depuis longtemps à la maison du Duc de Berry. Pendant son séjour en Russie, il y avait noué, en 1808, des rapports d’intimité et de confiance avec le comte d’Armfelt, un des principaux conseillers d’Alexandre. Ils duraient depuis cette époque et lui avaient prouvé que cet homme d’État était passionnément dévoué à la cause royale. En conséquence, à la faveur de l’amitié qui les unissait, il trouverait en lui un appui pour accomplir l’importante mission que le Roi imposait à son dévouement. Elle avait pour objet de renouveler d’anciennes demandes présentées à plusieurs reprises à la Cour moscovite et qu’elle avait systématiquement écartées. Nous les trouvons résumées dans une note émanée du cabinet du Roi. La Ferronnays devait négocier en vue d’obtenir : 1o la reconnaissance des droits du Roi pour rassurer les Français sur les desseins des alliés ; 2o la formation de corps français avec les soldats prisonniers ; 3o une expédition dans l’ouest de la France avec ces corps et des troupes russes sous le commandement de Louis XVIII ; 4o enfin, le mariage du Duc de Berry avec la grande-duchesse Anne qui embrasserait la religion catholique. Constatons sans plus attendre, et pour n’y pas revenir, que ce dernier objet paraît avoir été abandonné par le négociateur. Il en parle à peine dans le rapport qu’à son retour à Londres, il rédigea pour rendre compte de sa mission[1]. Il nous apprend seulement que la grande-duchesse n’est pas belle et q(/elle lui a demandé des nouvelles du Duc de Berry.

Accessoirement à ces instructions écrites, accompagnées.

  1. Ce rapport que j’ai retrouvé dans les papiers de Louis XVIII est partiellement reproduit dans les Souvenirs du comte de La Ferronnays dont on doit la publication au marquis Costa de Beauregard.