Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/767

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

France les dépenses de l’Algérie, après également la conversion de la dette publique effectuée en 1902, après aussi un essor des recettes des chemins de fer qui a presque éliminé pour le Trésor la charge des garanties d’intérêt envers les grandes compagnies et qui même a ouvert pour lui la période rémunératrice des remboursemens de la part de ces sociétés Voilà bien des circonstances favorables qui eussent dû compenser le développement des services publics, et cependant le budget excède les quatre milliards.

On va s’efforcer, et il sera facile d’y parvenir, de le réduire officiellement, sans rien changer d’ailleurs au fond de la situation financière, au-dessous de ce terrible chiffre.

On sait que, au printemps de l’année 1905, l’optimisme gouvernemental, qui reposait sur ce principe que l’ère des grandes guerres était à jamais close dans l’Europe occidentale, reçut un soudain et violent démenti par l’attitude menaçante que prit à notre égard l’Allemagne, par les sommations impérieuses et inattendues qu’elle nous fit au sujet de l’affaire marocaine. Les ministres de la Guerre et de la Marine avaient laissé tomber au-dessous des quantités normales tous nos approvisionnemens militaires. Il fallut faire en toute hâte et continûment, pour réparer cette impardonnable négligence, des dépenses extraordinaires. Pour ne pas éveiller l’attention de l’Allemagne et éviter de lui fournir des prétextes d’agression, on ne soumit aux Chambres aucune demande de crédits nouveaux ; le gouvernement se pourvut seulement de l’autorisation secrète de la Commission du budget de la Chambre et de la Commission des finances du Sénat pour engager 193 240 200 francs de dépenses extrabudgétaires de guerre et de marine : tel est le chiffre fourni par les documens ministériels. Ces dépenses ont été faites en 1905 et 1906, ou elles continuent de se faire sans qu’aucun crédit régulier les ait encore sanctionnées. M. Poincaré a rattaché ces 193 millions de francs au budget de 1907, et il avait d’excellentes raisons de le faire.

Quoi qu’il en soit, le chiffre de quatre milliards du budget de 1907, tel que l’a déposé M. Poincaré, est trop importun et trop impressionnant pour que le Parlement le laisse subsister. Or va donc sans doute retrancher du budget du prochain exercice les 193 millions en question et en faire l’objet de crédits supplémentaires à l’exercice 1906 : du chef de cette déduction, le budget de 1907 restera en deçà de la borne effrayante de 4 milliards