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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/773

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total des dépenses budgétaires ou extra-budgétaires qui est seulement de 257 millions. On doit rendre hommage aux pouvoirs publics de cette période 1871-1877 : ils se sont appliqués avec un soin vigilant et incessant à contenir toutes les dépenses parasites, et à tout subordonner au relèvement des forces de la nation.

Il en est tout autrement pour la période suivante qui, nous le répétons, car ce point a historiquement et psychologiquement une grande importance, s’ouvre avec l’année 1878 et non pas, comme le dit le document que nous analysons, en 1879. Dans cette seconde période, l’imprévoyance règne en maîtresse : soudain, de 2 991 millions en 1877, les dépenses publiques s’élèvent à 3 334 millions en 1878, soit 343 millions d’accroissement en une seule année, puis, par une suite de bonds, elles atteignent 3 744 millions en 1882 et 3 779 millions en 1883, le point culminant jusqu’à ce jour. L’insuffisance annuelle des recettes normales pour couvrir ces dépenses oscille, dans ces années 1878 à 1883, entre 491 et 763 millions par an (491 millions minimum en 1878 et 763 millions maximum en 1883). On s’abandonne alors à tous les entraînemens ; l’Etat rachète inutilement des lignes ferrées et en assume l’exploitation ; il fait à la fois, sans études sérieuses, les travaux publics les plus divers, souvent destinés à une complète improductivité, sinon même à l’abandon ; il assume la construction directe de nouvelles lignes ferrées, il pousse les localités, par des subventions exagérées et irréfléchies, dans la même voie ruineuse ; il fait pour l’Instruction publique des sacrifices dont le principe est louable, mais dont l’application est en partie désordonnée et inefficace ; il enfle le personnel de toutes les administrations ; en même temps il étend, disperse et conduit sans méthode les entreprises coloniales. Bref, il semble que les pouvoirs publics alors jugent du mérite et de l’efficacité de leur tâche d’après la rapidité du taux de l’accroissement des dépenses de l’Etat et des localités. On allait ainsi à l’épuisement et aux embarras financiers les plus graves : des insuffisances de recettes de 500 à 760 millions pai année relativement à l’ensemble des dépenses budgétaires et extra-budgétaires n’eussent pu continuer indéfiniment : elles se prolongèrent pendant six ans. A partir de 1883, ce vent de folie s’atténua : on revint à un peu de réflexion, sinon encore à la sagesse ; la signature des conventions de 1883 avec les