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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/848

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devoirs de leur charge, ils se distraient par des travaux d’esprit, par l’étude qu’ils alternent avec les sports. Joueurs de polo, de crocket, de golf, chasseurs, naturalistes, peintres, littérateurs, ils occupent intelligemment leurs loisirs, combattent cette apathie de l’homme oisif que guettent les quatre fléaux des colonies asiatiques : le jeu, la cohabitation sentimentale avec une femme indigène, l’alcool ou l’opium !

Assis au pied des petites chaînes qui commencent près de Nellore pour se renfler, se doubler, se réunir au Sud en un massif dont Salem occupe le pied, Vellore, jadis appelé Vellappedi, est le chef-lieu du talukia ou circonscription de Vellore, dans le district du North-Arcat. Il est exactement situé à quatre-vingt-treize milles et un quart de Villapouram, au Nord-Ouest, à une altitude de 230 mètres, et domine la route du Mysore, au sommet d’un triangle dont la mer constitue la base, avec Pondichéry et Madras à ses deux angles, et Genji en son milieu. Aussi Vellore et Genji furent-ils les deux points que se disputèrent, de tous temps, les envahisseurs du Carnate. Musulmans, Mahrattes, Européens, luttent à l’envi jusqu’aux premières années du XIXe siècle pour la possession de ces forteresses. Les Anglais sont restés les maîtres, là comme partout ailleurs. Genji, que je compte revoir le mois prochain, après vingt années d’absence, ne montre plus que des ruines. Vellore a perdu ses fortifications extérieures, et dans sa citadelle, soigneusement conservée, voisinent le palais d’un rajah interné, les bureaux de l’administration, des casernes à peu près vides,, et cette pagode de Vichnou que la beauté de ses sculptures, sauvées du vandalisme par les Anglais, a depuis longtemps rendue classique.

Des défenses de la ville elle-même, il ne reste plus rien ; plus rien de cet ensemble imposant d’ouvrages qui unissaient le vieux Vellappedi, les pics de l’Est, Murtiz-Ghiri, Gajgaraoghiri, Sajaraoghiri couronnés tous trois par des forts, et rejoignaient les rives du Palar. Vellappedi n’est plus aujourd’hui qu’un faubourg de Vellore, et la ville, très accrue en surface, compte quarante-cinq mille habitans, hindous brahmanistes pour les trois quarts, le reste musulmans, descendans des anciens conquérans venus de Golconde et de Bijapour.

Aux premières heures du matin, nous sommes partis pour visiter la forteresse, en profitant d’une fraîcheur relative, car bien avant midi la réverbération des montagnes dénudées augmentera