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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/854

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Aureng-Zeb, le soubadar Zulfikar-Khan. Celui-ci nous apparaît comme un des plus patiens hommes de guerre de la péninsule. Le’ temps ne compte pas pour ce soubadar. Pendant sept années, il assiège la grande place fortifiée de Gengi ; sans se décourager, il maintient son blocus et réussit enfin à forcer ce lieu qui passait déjà pour imprenable. Mais son succès demeura incomplet. Pour n’avoir pu mettre la main sur l’usurpateur mahratte Radjaram qui s’était enfui de Genji et avait réussi à gagner Vellore, Zulfikar-Khan se vit condamné à continuer la guerre de siège. Méthodiquement, il investit Vellore et planta ses tentes non loin des douves et de leurs crocodiles, chargés de « fermer le passage aux ennemis. » Grâce aux solides murailles et aux crocodiles, sans doute, le soubadar attendit deux années entières une occasion favorable. Celle-ci se présenta enfin. Le gouverneur de Vellore, Siekoji, offrit aux assiégeans, en composition, une somme de 150 000 pagodes qui fut aussitôt acceptée. Le soubadar se retira avec son or et Rajaram gagna Sattara, y rassembla une armée, pour revenir bientôt mettre en question, dans le Carnate, la suprématie du Mogol de Delhi. Et les Mahrattes pénétrèrent une fois de plus dans l’enceinte de Vellore. Mais la puissance des incorrigibles pillards touchait à son terme. En 1708 le nabab Daoud-Khan, au nom de l’Empereur, les pourchasse, les rabat, les assiège. Vellore tombe entre ses mains après cinq mois d’efforts. C’en est fait de la domination mahratte. Les cavaliers de Pounuh ne rentreront plus dans Vellore. En 1710, la ville devient apanage de Ghulan-Ali-Khan, frère du nabab Soudad-OuUah-Khan, qui a succédé à Daoud-Khan. Jusqu’en 1763 la descendance de Ghulan jouit de l’apanage, les Européens font alors leur entrée sur la scène. Grâce aux Anglais qui protègent le nabab Mohammed-Ali, Mortiz-Ali, petit-fils de Ghulan, est évincé de la forteresse familiale

Ces deux nouveaux personnages valent qu’on s’y arrête. Tous deux ont été nommés nababs du Carnate, non par l’empereur de Delhi qui détient, de principe, le droit d’investiture, mais par les envahisseurs d’Occident. Au profit de ceux-ci vont se canaliser les troubles. Avant que de s’affirmer propriétaires des choses, ils s’assurent dans la position d’arbitre. La valeur morale des deux candidats à la Nababie est parfaitement égale. Mohammed-Ali, le nabab nommé des Anglais, a traîtreusement assassiné, avec la tacite complicité du major Lawrence, son