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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/904

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ou profit net qu’on évalue à 3 millions et demi de livres sterling :[1], ou 87 millions et demi de francs, — soit à peu près 150 francs par tête d’épiscopalien irlandais, — sans parler du demi-million sterling qui lui fut remis en représentation des dons et legs reçus par elle depuis 1660, date de sa reconstitution après les temps cromwelliens. Voilà le re-endowment, la dotation nouvelle constituée à l’Église désétablie par l’opération même du désétablissement : ce n’est pas peu de chose, surtout si l’on considère que cela fait à l’Église d’Irlande, avec tout ce qu’elle a mis de côté sur les contributions volontaires de ses membres, un capital assuré, liquide, inattaquable, alors que l’ancienne fortune de 16 millions sterling, fruit des confiscations du passé, rendait peu et rentrait mal, sans cesse menacée par les guerres agraires et les revendications nationalistes.

Le désétablissement n’a donc pas laissé l’Église d’Irlande dans la misère. Il a d’autre part consolidé sa situation en effaçant en elle la marque oppressive et privilégiée, en lui rendant l’indépendance, en rompant ses compromettantes attaches avec le gouvernement et le « château, » avec « ces amis qui avaient été ses pires ennemis, » selon le mot d’un auteur protestant, et qui l’avaient si longtemps associée à leur politique de persécutions

  1. C’est le chiffre donné par un protestant, M. Houston, Q. C. dans un article de la Contemporary Review de mai 1894. — Sur ces 3 millions et demi de livres sterling, la prime de 12 pour 100, fournie par le Trésor, représente 812 258 livres sterling ; les transactions pour retraites anticipées ou « rengagemens « selon le nouveau régime ont donné 1 648 809 livres sterling ; le reste provient des bénéfices réalisés sur la gestion financière du capital de 7 581 075 livrée sterling remis au Church Representative Body en 1871. Le Church Representative Body, commission de 65 membres, tant laïques qu’ecclésiastiques, chargée de gérer le temporel de l’Église désétablie, a mis de côté et capitalisé au fur et à mesure une partie du profit réalisé sur le désétablissement, mais le montant de ces capitalisations ne ressort pas des comptes publiés annuellement par cette assemblée ; le surplus a été chaque année appliqué aux besoins du culte, versé aux comptes diocésains, de façon qu’on rendait disponible et qu’on pouvait capitaliser pendant ce temps tout ou partie des contributions volontaires versées à l’Église par les fidèles. Le capital de l’Église désétablie s’élevait en 1904, selon le dernier rapport du G. R. B., à la somme de 8 414 138 livres sterling. D’après ce même rapport, les contributions volontaires reçues des fidèles depuis 1870 s’élevaient au total de 5 941 547 livres sterling, somme qui, pour trente-quatre ans, si l’on compte sur un chiffre moyen de 600 000 épiscopaliens irlandais, représenterait une charge annuelle et par tête de 5 sh. 9 d. ou 7 fr. 25. Ajoutons que les autorités officielles de l’Église désétablie nient expressément qu’un re-endowment soit sorti de l’opération même du désestablissement. M. Gladstone, quant à lui, estimait que, sur 10 millions de livres sterling de capital, l’opération laissait à l’Église désétablie 7 millions de livres sterling, plus la valeur des édifices et constructions (Cf. Fortniyhtly Review, mars 1901, p. 460).