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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/909

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a sa « chapelle » catholique (le mot est resté), blanche et gracieuse, à côté de l’autre église, de l’église du landlord, celle-là même où les ancêtres allaient prier avant la réforme, close, froide et muette, tandis que l’Angelus tinte discrètement du haut du clocheton voisin. — Au centre du pays, à quelques lieues de Dublin, voilà le célèbre collège de Maynooth, « le plus grand séminaire de la chrétienté, » disait le cardinal Newman, et d’où sort la grande majorité des 2 953 prêtres séculiers irlandais sans parler des 27 évêques et archevêques de la province d’Hibernie[1]. Pittoresquement situé sur l’ancien domaine du duc de Leinster, — la chapelle protestante du domaine s’enclave encore dans ses murs et, libéralement, s’ouvre chaque dimanche au culte, — il semblerait une vaste université anglaise avec son parc, ses prairies, la rivière qui le borde, et en un sens avec la vie même des étudians qu’aux heures de récréation on entraîne à l’équitation, aux grands jeux extérieurs, si ce n’était la régularité de ces grands bâtimens scolaires à l’air encore neuf et la magnificence de cette haute chapelle de Saint Patrick qui se dresse sur le flanc du cloître collégial. Maynooth compte normalement six cents élèves destinés aux ordres. La majorité sert en Irlande ; les autres seront appelés, avec les prêtres spécialement formés par le collège d’All Hallows, vers les régions du nouveau monde ou des antipodes, pour satisfaire à cette mission qui semble avoir été celle de l’Irlande au XIXe siècle, de fonder le catholicisme dans les sociétés anglo-saxonnes d’au delà des

  1. Chiffres extraits de l’Irish Catholic Directory pour 1903. Ajoutons 588 prêtres du clergé régulier, 212 maisons religieuses d’hommes et 31 communautés religieuses de femmes. — On sait comment sont nommés les évêques irlandais. Une liste de pénétration comprenant trois noms (dignus, dignior et dignissimus) est dressée par l’assemblée des curés du diocèse, auxquels se sont joints les membres du chapitre ; les évêques de la province, réunis sur l’invitation du Métropolitain, font leurs observations sur la liste de présentation, laquelle est ensuite envoyée à Rome. Le Pape peut, bien entendu, choisir le nouvel évêque en dehors de la liste ; le fait, pourtant, est rare. L’évêque nomme les curés, vicaires, etc., en toute indépendance ; les curés, une fois nommés, sont inamovibles. — Comment sont administrés les biens ecclésiastiques ? Ils sont, dans chaque diocèse, immatriculés (vested] au nom de 4 ou 5 Trustees, qui les administrent. Autrefois les Trustees étaient paroissiaux, mais on tend de plus en plus à n’avoir que des Trustees diocésains. Les Trustees sont presque tous des ecclésiastiques (ce n’est qu’exceptionnellement qu’on prend des laïques) ; au décès de l’un d’eux, les survivans élisent un nouveau membre. Lorsqu’il y a une grosse dépense à faire, église ou école à bâtir par exemple, le curé forme un Committee composé tant de laïques que d’ecclésiastiques pour recueillir les fonds et établir les devis ; le curé rend compte à l’évêque, les comptes sont en général publiés quand tout est fini.