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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/928

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Il faut à l’Irlande, pour le succès de sa régénération nationale, il lui faut de toute nécessité, le premier des biens : la paix religieuse. En religion surtout, la guerre est impie ! Il lui faut la paix entre protestans et catholiques, la paix entre cléricaux et anticléricaux. Que les protestans d’Irlande sachent se faire tolérans à l’égard du catholicisme et des catholiques, comme le sont leurs frères d’Angleterre ! Que le clergé catholique sache, dans son action sociale, se faire libéral, comme il est de sa nature de l’être, comme il le serait sans les persécutions passées et les constantes embûches du prosélytisme protestant en Irlande, comme l’est actuellement en Amérique le clergé d’origine irlandaise, si différent sur ce point du clergé germano-américain ! Enfin que l’union se maintienne entre le prêtre et le peuple aussi forte, aussi confiante qu’elle l’a été depuis deux siècles ! Ce n’est qu’à ce prix que des jours meilleurs pourront venir, et que pourra se réaliser peut-être la prédiction célèbre que fit en un jour d’enthousiasme le cardinal Newman : « Je vois, dit-il, une cité nouvelle, loin des vieux sanctuaires, une nation à la fois très vieille et très jeune, vieille en son christianisme, et jeune en ses promesses d’avenir, un peuple qui reçut la grâce avant que le Saxon ne fût venu en Bretagne et qui n’a jamais forfait sa foi. C’est un peuple qui a eu une longue nuit et qui va voir enfin le jour. Là, comme vers un sol sacré, seconde patrie du christianisme, viennent étudier les hommes en foule : tous ont une même foi, tous cherchent la vraie sagesse, et ils retournent dans leur patrie pour porter la paix aux hommes de bonne volonté. »


L. PAUL-DUBOIS.