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le prochain, a suggéré l’idée de fonder une Nullifying Society, dont l’objet eût été de canaliser ce torrent de bonnes intentions, et la devise : « Mêlez-vous de vos affaires. » Il prétendait que si ce zèle ne se calme, l’heure est prochaine où on ne pourra ni fumer un cigare, ni boire un verre de whisky, ni rire ni flirter, où il sera ordonné de se coucher avant neuf heures, de porter un costume rationnel et réglementaire, enfin de ne lire que les ouvrages autorisés par la « Société pour la propagation de l’ennui. « 

Au nombre de ces associations, il en est qui, n’ayant en vue que la bienfaisance, rendent de précieux services. Les dames y jouent un rôle fort actif, et ce sont elles qui organisent les bals, concerts, ventes de charité, loteries, représentations théâtrales, quêtes, etc., au profit desdites œuvres. Cela n’est pas particulier à l’Australie ; mais nulle part on n’en trouve une floraison aussi touffue et persistante. Ces réunions ne donnent de profits appréciables qu’aux associations déjà fortement constituées et sont inutiles à la société mondaine parce qu’elles mettent en contact des personnes de milieux trop différens et seulement une ou deux fois chaque année pour la même œuvre. L’honorable mendicité qui alimente ces institutions a pour résultat de « taxer » sévèrement les personnes en état de faire la charité, et cela n’est pas un mal, quoiqu’il y ait excès de sollicitations. Mais les dépenses d’administration et d’arrangement de toutes ces petites fêtes absorbent la plus grande partie des recettes. Il semble donc que ce soit beaucoup de mouvement et de fatigue pour peu de chose. La concentration de ces minuscules organismes en un nombre modéré de grandes sociétés d’assistance dans chaque État australien ferait peut-être plus pour les pauvres que la dispersion de tant de bonnes volontés.

Quant aux sports, ils sont la grande affaire des Australiens. Les deux sports favoris sont le cricket et les courses. On parle peu, — m’a-t-on assuré, — sur les matches de cricket. C’est une passion désintéressée, mais violente. Les courses, au contraire, n’existent que par et pour le betting.

Si un match sensationnel de cricket, soit une finale ou Australia v. England, est donné quelque part, les façades des maisons occupées par les grands journaux sont couvertes d’immenses pancartes, montées sur des échafaudages. Les noms des joueurs y sont inscrits, et les phases du jeu signalées par le télégraphe, immédiatement indiquées. Jusqu’à la fin de la partie, une foule