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l’atmosphère calme et réconfortante qui y règne. C’est elle qui l’a créée. Les voyageurs qui, visitant l’Australie, ont rencontré aux courses, dans les bals ou les théâtres, des jeunes filles évaporées riant très haut, parlant de tout à tort et à travers, qualifiant de old fowls les dames qui sont d’âge à être leurs mères, pratiquant audacieusement le flirt, en résumé fort mal élevée ? quoique de bonne famille, — et en ont conclu que les femmes australiennes étaient vaines, coquettes et futiles, ont commis le péché de jugement téméraire.

Généraliser dans le sens opposé serait une moins grave erreur. Les jeunes filles en Australie sont très libres, mais l’usage parfois inconsidéré qu’elles font de leur liberté, est certainement plus répréhensible, quand il l’est, dans l’apparence que dans la réalité. Au surplus, n’ayant à remplir que des devoirs faciles, et n’étant responsables que de la recherche d’un mari et de la manière d’y procéder, ce n’est pas d’après elles qu’il faut établit un jugement sur les mérites de leur sexe. Si on considère la femme australienne comme épouse et mère de famille, dans l’accomplissement des devoirs que ce double rôle lui impose, en lui rendant hommage je crois qu’on ne lui rendra que justice.

En Australie, de même qu’en Angleterre, les soucis de l’existence commune sont encore plus nettement partagés que chez nous. Le mari ne s’ingère pas dans les détails de la vie intime et s’occupe peu de ceux de la vie mondaine. Il règle le budget des dépenses et sa femme l’administre. Il n’en est pas moins maître et seigneur, ne laissant discuter ses décisions que s’il lui plaît. La femme australienne accepte de bonne grâce l’autorité de son mari ; elle est obéissante.

Non seulement elle accepte, l’autorité masculine, mais il m’a paru qu’elle en admettait aisément la supériorité. Il y a là une question d’attitude sur laquelle on ne peut guère se tromper. Les usages du monde ne permettent pas aux personnes qui en font partie de laisser apercevoir trop clairement leurs impressions. En descendant un peu l’échelle sociale, celles-ci deviennent sensibles. J’ai remarqué maintes fois, et maintes fois on m’en a fait la remarque : l’attitude d’une femme australienne devant un homme de sa famille ou de son intimité, est celle de la déférence. Cela est flatteur pour les citoyens de cet intéressant pays, mais complètement injustifié.

En général, — et en ce qu’elle doit être, — la femme en Australie