Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour ainsi dire, par une comparaison. Etant donné le témoignage de la conscience de ce malade, étant donné aussi le témoignage de ma conscience, quelle différence y a-t-il entre lui et moi et quelles sont les différences simultanées ? L’aliéniste ne se pose pas d’autre question. Sa personnalité est la mesure de celle de son malade. Et, à vrai dire, il n’est rien qui ait plus contribué que notre actuelle pathologie à dissiper l’ancienne conception d’une psycho-physiologie.


VI

Nous aboutissons donc, avec les travaux les plus récens, à une sorte d’introspection comparée, — c’est-à-dire que nous voilà, après trois quarts de siècle, plus rapprochés de Jouffroy que de Comte. Au cours de cette histoire que nous venons de retracer, tous les efforts de la psychologie ont été de se rapprocher de la physiologie ; tous ses progrès ont eu pour effet de l’en éloigner.

C’est qu’il y a physiologie et physiologie.

Dans l’organisme, en effet, nous pouvons considérer les changemens de la circulation, de la respiration, les altérations viscérales, les contractions musculaires, les impressions sensorielles sur les appareils terminaux des nerfs, les contacts de l’air et de la peau, des parois artérielles et du sang, les changemens interstitiels des tissus, etc. Ces phénomènes se passent à la surface de l’organisme. Leur connaissance constituera une physiologie périphérique.

Nous pouvons au contraire considérer les changemens qui surviennent dans les centres eux-mêmes, dans les cellules de la masse cérébrale, dans leur état dynamique et trophique, dans les relations qu’elles soutiennent entre elles, dans leurs associations. Comment les centres du bulbe et de la moelle, par exemple, influencent-ils les centres du cerveau et en sont-ils influencés ? Quelles modifications se produisent dans les couches corticales sous l’action des stimulans périphériques et comment s’y transforment les énergies recueillies avant de repartir, sous forme d’excitation, vers les muscles ? Ces phénomènes divers ont pour siège les profondeurs mêmes du système nerveux. Leur étude et leur connaissance composeront une physiologie centrale ou cérébrale.