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Dans les deux premiers arrondissemens, on peut dire que le marché de la confection appelle le passant de tout l’éclat de ses vitrines et enseignes. C’est le domaine du vêtement. Si l’on s’éloigne, l’offre du commerce se modifie. Elle se rapporte aux matières qui servent à la confection.

En même temps, ce qui frappe les yeux, c’est le grand nombre des hôtels et restaurans. Il y en a de premier ordre, et aussi de fort modestes. Dans la ville, il existe à peu près un « garni » par dix maisons ; ici, la proportion s’élève à un sur cinq, et, pour le quartier Bonne-Nouvelle, à un sur trois. C’est que le voisinage des jardins et des musées attire le touriste ; que les voyageurs de commerce peuvent de là gagner tous les points de la ville ; et que les autres, tous ceux qui viennent tenter la chance, espèrent trouver facilement un emploi. Et, en effet, les bureaux de placement sont là pour répondre au désir de tous ces hommes qui, demain, seront employés comme garçons dans les magasins, les restaurans, chez les marchands de vins, ou bien dans les hôtels. Hôtels et bureaux sont si nombreux qu’en certains points, ils emplissent la rue.

On se rendra compte du mouvement de cette région qui absorbe une partie de la population de Paris : — par les Halles, où les marchandises s’entassent, pour se répartir ensuite aux devantures des détaillans de la ville ; — par les grands magasins et les manufactures, qui s’emplissent de leurs employés et ouvriers ; — par les musées, les ministères, la Banque, les jardins publics, les comptoirs du commerce, dont les portes sont franchies par une foule qui augmente avec les heures du jour ; — par les hôtels et restaurans, dont les cliens se renouvellent sans cesse ; — par les bourses aux valeurs et aux marchandises ; par la poste, les bureaux de chemins de fer, aux proportions inusitées ; — par les journaux, dont les porteurs se répandent en tous sens. Au soir, le calme vient ; et c’est le recul de tout le flot humain, jusqu’à la vague prochaine.

Les deux arrondissemens réunis sont grands comme un seul, et une bonne part de leur territoire est couverte par des jardins, des musées et des installations qui ne sont pas faites pour l’habitation. La population y est cependant pressée comme nulle part. Il y a des places où l’on compte mille habitans à l’hectare, contre trois cents en moyenne, pour Paris tout entier. On peut constater qu’il y a peu d’enfans ; un à peine par onze