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Contrairement à nos constatations antérieures, la population tout entière réside. Le patron occupe quelques personnes ; il demeure dans les locaux de son commerce ; il loge une partie de son personnel dans sa propre demeure ; et le reste dans les maisons voisines. La vente se fait, non pas au passant, mais entre gens d’affaires qui agissent au nom des grands magasins ou pour le compte d’intermédiaires dont les boutiques sont riveraines des grandes voies. Tout le monde se connaît ; et cela se conçoit, puisque le travail à faire réclame le concours de l’homme et de la femme, du praticien formé par l’expérience, et du jeune homme impatient de travail.

On a tenté d’acclimater ici la curatelle des pauvres. L’esprit de ce système est de confier quelques unités parmi les malheureux au plus grand nombre possible de citoyens établis auprès d’eux. Peut-être peut-on dire qu’il y a plus de vieillards vers la rue de Saintonge et plus de chômeurs vers les Arts et Métiers ; d’une façon générale, la misère apparaît également répartie sur l’arrondissement tout entier. Il suffirait, pour s’en rendre maître, d’un léger effort. La population a toutes les qualités pour le tenter ; elle recherche les occasions de groupement ; des sociétés, des comités, des conférences se fondent pour toutes sortes d’objets. Il faut laisser grandir la curatelle et, pour cela, lui donner les moyens d’agir.


Les quartiers du quatrième arrondissement ont tous un aspect différent. Saint-Merri, aux limites du premier et du troisième, participe à la vie de ses voisins. On y remarque de nombreuses marchandes des quatre saisons qui trouvent à loger leurs voitures aux environs de l’Hôtel de Ville ; beaucoup de camelots et de porteurs aux Halles ; enfin, quelques maisons qui fabriquent de la mercerie, des chaussures et des chapeaux. Tout cela est dans le rayon d’attraction des marchés de l’alimentation et du vêtement. Plus loin, les marchands de papier, de confiserie, de produits chimiques, ont des traits de parenté avec les artisans dont nous avons noté l’activité patiente dans le troisième. Enfin, vers le quartier Saint-Gervais, commence à se révéler la présence de ce type si spécial du juif polonais que l’on retrouve en d’autres points de Paris. Son occupation essentielle est de faire des casquettes, sans doute, avec les débris achetés aux ouvriers tailleurs. Mais il tente aussi la fortune d’autre manière ; tous les