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métiers lui sont bons, pourvu qu’il y ait à vendre et à acheter. La proximité du Mont-de-Piété explique, sans doute, un peu la préférence marquée que cette population a donnée à la région.

A Saint-Gervais se trouve une Bourse spéciale de travail. « A la grève » et « au coin, » les ouvriers terrassiers et les peintres offrent leurs bras ; les peintres surtout, qui viennent souvent de très loin sur ce marché où le patron est assuré de trouver tous les hommes dont il peut avoir besoin, par exemple pour la mise à neuf, en vingt-quatre heures, des locaux d’un grand magasin. Le quartier abrite beaucoup de maçons. Ils sont 50 000 dans Paris, dont un tiers sont ici et dans le cinquième. Ceux qui sont mariés, occupent des locaux trop étroits pour leurs familles ; les autres, les célibataires, logent à l’hôtel chez un compagnon, avec qui ils se louent. Parfois, ils regagnent leur pays pour l’hiver, au moment du chômage ; malheureusement, cette habitude tend à se perdre.

L’Arsenal est peuplé de bourgeois généralement aisés. La bibliothèque, les casernes et la place des Vosges contribuent à donner à cette région un aspect tranquille. C’est un ancien quartier riche. Cependant, il y a un assez grand nombre de vieillards inscrits au bureau de bienfaisance, et aussi quelques familles de ces juifs polonais dont nous avons parlé.

Dans le quartier Notre-Dame, formé des îles de la Cité et Saint-Louis, toutes les maisons qui bordent la Seine, sont occupées par de riches locataires dont quelques-uns ont leurs bureaux à l’entrepôt Saint-Bernard. Les rues parallèles et transversales sont habitées par une population peu aisée de petits rentiers, d’ouvriers en chambre, et surtout de sergens de ville, notamment dans la Cité. Les loyers sont chers ; on trouve difficilement une chambre pour 200 francs.

En somme, dans cet arrondissement, le mouvement commercial perd peu à peu de son intensité ; il s’éteint dans les quartiers de l’Arsenal et de Notre-Dame. La population à secourir se compose de maçons en chômage, dans le quartier Saint-Gervais ; de journaliers sans travail, à Saint-Merri ; de quelques vieillards et infirmes, dans les îles et à l’Arsenal ; enfin, de ce groupement spécial de juifs polonais, dont la misère se répand dans les quatrième, troisième et onzième arrondissemens.


Sur la rive gauche, le boulevard Saint-Michel forme la ligne