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encore dans le onzième ; ce sont les mêmes industries, les mêmes cités ouvrières, aussi les mêmes hôtels. Sur l’autre rive, le quartier Saint-Vincent-de-Paul ressemble au quartier Rochechouart ; on y voit un nombre considérable de commissionnaires, d’emballeurs, et de voyageurs de commerce qui ont pris pension dans les hôtels des environs des gares. Quant aux quartiers de la Porte-Saint-Denis et de la Porte-Saint-Martin, ils gardent l’aspect général du faubourg Montmartre, avec plus de commerce dans la Porte-Saint-Denis, particulièrement dans les rues de Paradis et des Petites-Ecuries, qui sont comme l’entrepôt des objets de verre, de porcelaine et de plume ; et, plus d’ouvriers dans la Porte-Saint-Martin, aux abords de la Bourse du Travail.

Les seules particularités de l’arrondissement lui viennent de la ligne du canal, et des deux gares terminus de l’Est et du Nord. Toutefois, ce n’est pas là que résident la masse des coltineurs et des employés de chemins de fer. Quelques-uns se sont fixés à l’hôpital Saint-Louis et dans l’espace compris entre les gares, le canal et l’hôpital Saint-Martin ; mais on peut dire que la très grande majorité a cherché logis dans les dix-huitième et vingtième arrondissemens, comme la plupart des ouvriers occupés aux dépôts des omnibus, des petites voitures, aux équipemens militaires et à la raffinerie Lebaudy.

La population est extrêmement variée. Beaucoup d’hommes et de femmes ont leur travail ailleurs : tels, les apprentis des deux sexes, les garçons de courses, couturières, lingères, fleuristes, plumassières, modistes, mécaniciennes, dont l’ensemble peut bien représenter 20 000 personnes. L’arrondissement est déjà comparable à ceux de la périphérie, puisqu’il comprend une part importante de travailleurs modestes dont le salaire assure la subsistance, sans cependant apporter l’abondance.

On peut évaluer à 2 200 le nombre des inscrits du bureau de bienfaisance, et à 5 000 celui des nécessiteux d’occasion. Plus de la moitié de ces nombres est fournie par le quartier de l’hôpital Saint-Louis qui est très malheureux. Les cours des Bretons, de la Grâce-de-Dieu, Saint-Maur, sont des immeubles considérables, comprenant une dizaine d’escaliers qui desservent une quantité de logemens ouvriers. Avec la rue Bichat et le passage Corbeau, ce sont les lieux où il y a le plus de malheureux. Le reste de l’arrondissement est assez aisé.