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un territoire d’habitation ; c’est un lieu d’industrie et de commerce actif, animé, bruyant, qui attire et captive. Cela du moins est vrai pour les deux premiers quartiers, la Villette et le Pont-de-Flandre, qui sont en plaine ; les quartiers d’Amérique et du Combat ont d’autres traits.

A la Villette, la première chose qu’on voit, c’est le canal qui coupe en deux le quartier. Puis les Magasins Généraux, les établissemens de la douane et de l’octroi, la direction des Pompes funèbres, les ateliers de la Compagnie des Petites Voitures, le dépôt des Omnibus, la raffinerie Lebaudy, et dans le Pont-de-Flandre, mais pas très loin de la Villette, la raffinerie Sommier et l’usine à gaz. On a idée déjà du monde qui circule et travaille. Il faut plusieurs milliers de tombereaux ou de camions pour le transport de tout ce charbon, de tous ces bois de construction, de toutes ces farines, de tous ces matériaux, cimens, plâtres, pierres meulières, briques, tuiles, produits chimiques et de ces pierres de taille qui sont venues par le canal. Il a fallu des conducteurs à ces bateaux ; il faut des bras pour la décharge. Les quais offrent une animation qui ne cesse qu’avec le jour. Le quartier compte 50 000 habitans, mais il convient d’y ajouter la population des bateaux, qui s’élève à plusieurs milliers d’âmes. C’est un des points les plus vivans de Paris.

Le Pont-de-Flandre a beaucoup moins d’habitans, 15 000 environ. La plus grande part de son territoire est prise par les abattoirs, l’usine à gaz et le canal. L’animation y est intense. De toutes parts, par rues, par chemins de fer et par canaux arrivent au marché les moutons, les bœufs et les porcs que les bouchers : de gros et de détail attendent un peu plus loin. Dans la rue de Flandre, il n’existe pour ainsi dire pas de maison où l’on ne voie boucher, charcutier ou tripier. Les débits de vins sont très près les uns des autres ; à l’intérieur, derrière des grillages élevés pour cela, se traitent, entre agriculteurs et marchands, des ventes importantes que l’on règle sur place, en argent. Sur les quais, on décharge surtout du charbon pour l’usine à gaz. Dans la rue de Flandre, l’Urbaine a un dépôt de voitures, et de nombreux intermédiaires ont ouvert des bureaux de placement

Toute cette foule n’habite pas le quartier. Ce sont ou bien des commerçans de la ville, ou des propriétaires de la campagne. ou des ouvriers, meneurs de bestiaux, tueurs, maîtres ou garçons d’échaudoirs, qui viennent de Pantin ou Saint-Gervais. Il y a