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de bons métiers ; ainsi les conducteurs de fardiers, qui dirigent de cinq à huit chevaux, reçoivent de bons salaires et des pourboires sérieux dans les chantiers où ils déchargent leurs pierres. Il y a des ressources en nourriture ; car les bas morceaux, dont ne veulent pas les bouchers au détail, sont laissés à bon compte aux journaliers des abattoirs. Malgré cela, ceux qui manquent du nécessaire sont nombreux. Les institutions du genre de celles qui sont encouragées par les Compagnies de chemins de fer, telles qu’économats, caisses de secours, de prêt et d’épargne, font ici défaut. Les salaires, si gros qu’ils soient, sont absorbés au jour le jour ; en sorte que le chômage et la maladie sont de véritables fléaux. Cependant, dans le Pont-de-Flandre et la Villette, le travail manque rarement. Les paresseux, les individus sans profession, sont la très rare exception. Les lieux les plus nécessiteux sont : à la Villette, passage Choquet où se sont établis des chiffonniers ; rue de Tanger, rue de Flandre, rue Riquet et passage Joinville, où dominent les nombreuses familles de raffineurs ; rue d’Allemagne, rue de Meaux et rue Petit, où l’on rencontre beaucoup d’inscrits du bureau de bienfaisance ; au Pont-de-Flandre, les rues de Nantes, de l’Argonne, Rouvet, le passage Auvry sont une agglomération de malheureux, composée surtout de débardeurs et sucriers. Et partout, dans l’ensemble des deux quartiers, on subit le contre-coup des accidens de la vie de Paris. Un arrêt dans la batellerie, dans la construction, ou dans l’aisance générale, et tout ce monde en souffre.

Les quartiers en hauteur, Amérique et Combat, sont moins actifs. Il y a trois régions, autour du parc des Buttes-Chaumont ; le versant de la Villette qui regarde Paris, les côtes du Pont-de-Flandre et la zone de Belle ville. En bas du versant de Paris, dans toutes les petites voies qui partent de la rue de Bolivar et aboutissent au boulevard de la Villette, réside une population très mêlée. A côté des employés du dépôt des Omnibus, des raffineurs, des débardeurs, ont trouvé place, surtout vers les rues Asselin et Monjol, dans des hôtels qui rappellent les plus mauvais lieux du dix-huitième et du treizième arrondissement, des individus sans profession, sans métier, dangereux et paresseux, qui ont valu aux boulevards extérieurs leur mauvais et légitime renom. Le voisinage du quartier industriel de l’Hôpital-Saint-Louis se fait aussi sentir. Il existe boulevard de la Villette des entreprises qui distribuent à domicile la force motrice, et ceux qui