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sont les premières à citer, pour la partie haute du plateau. En avant, il faudrait dire les noms de toutes les rues qui donnent dans la rue Rébeval.

Les côtes du Pont-de-Flandre comprennent toute la partie du quartier d’Amérique qui se trouve dans le rayon d’attraction du canal et de l’abattoir. Les voies d’accès sont la rue de Crimée, la rue d’Hautpoul et la rue David-d’Angers. Elles sont directes. Aussi n’est-on pas surpris de retrouver ici la population des travailleurs des quais, de la raffinerie Sommier et du marché aux bestiaux. L’agglomération comprend en outre des ouvriers d’industrie qui s’occupent d’électricité et de machines à vapeur, et des chiffonniers, qui sont sur un vrai terrain d’élection. Les uns travaillent pour leur compte, les autres pour de grandes entreprises qui leur donnent un salaire. Les gros marchands de chiffons du quartier d’Amérique ont si bien su tirer parti de leurs rebuts, qu’ils couvrent de vêtemens, ayant l’apparence du neuf, une partie de la clientèle des grands boulevards. Les pauvres sont partout. Les familles sont décimées par l’alcoolisme et la maladie ; même les femmes s’adonnent à la boisson, au cours de leurs occupations si dangereuses, puisqu’elles passent leur vie au milieu de montagnes d’ordures.

Le vingtième arrondissement est logé presque en entier sur le plateau de Romainville et de Bagnolet ; seule une partie du quartier de Charonne est en plaine. Trois des quartiers touchent au onzième arrondissement : Belleville, le Père-Lachaise et Charonne ; Saint-Fargeau est tout à fait extérieur ; il fait suite à Belleville et au Père-Lachaise. L’arrondissement compte 150 000 âmes. Il a le triste privilège d’être le plus pauvre de Paris ; ou, si l’on veut, de venir au même rang que le treizième.

Par comparaison avec ses voisins, Saint-Fargeau peut passer pour aisé. Autrefois, toute cette région était occupée par des maraîchers et des horticulteurs. L’industrie devait être bonne ; car, sur les terrains de culture, il y a maintenant de petites villas. Ce ne sont pas des constructions luxueuses, comme à la Muette ; mais de très modestes maisons. Ceux de la dernière génération assurent que de leur temps tout le haut Belleville était morcelé en petits domaines bourgeois. C’était le rêve des petits boutiquiers d’avoir la maison et jardin ; et comme il suffisait de peu d’argent pour s’établir, ils ont eu vite fait de former des groupemens importans. Le sol ne se prête pas facilement à la