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LES
IRRIGATIONS EN ÉGYPTE
ET
LES PROJETS RÉCENS DU GOUVERNEMENT ÉGYPTIEN


I

« L’Egypte est un don du Nil. » On ne saurait trop citer ce mot d’Hérodote. En écoulant ses eaux limoneuses dans la Méditerranée, le Nil a recouvert de terre végétale l’étroite bande de désert qu’il arrose. Chaque année, à époque fixe, la masse fluide charriée à travers la longue oasis formée par le dépôt de la terre en suspension dans le fleuve, enfle et grossit ; son niveau s’élève rapidement ; bientôt elle déborde, fécondant ses rives par une inondation que l’industrie de l’homme a su rendre régulière et bienfaisante en la modérant et en la dirigeant. Etrange phénomène, grâce auquel est née une des civilisations les plus anciennes et dont les causes restèrent si longtemps mystérieuses !

Les explorateurs ont, vers le milieu du XIXe siècle, dévoilé ce mystère. Nul n’ignore maintenant que le Nil proprement dit est formé par la jonction du Nil Blanc, déversoir des grands lacs équatoriaux Albert et Victoria, qui se fraye péniblement un passage à travers d’immenses marécages et du Nil Bleu qui, sorti du lac abyssin Tsana, parcourt dans un long circuit 1 350 kilomètres avant de rejoindre, en aval de Khartoum, à près de 4 000 kilomètres du lac Victoria, l’autre branche, déjà